mardi 24 janvier 2017

19 GAGNER SUR LE TAPIS VERT


Daniel BONNEFOY   -  Navigateur de Karibario Manche Fibres

17 juillet 2017

PREAMBULE

L'arbitre national P.Bréhier avait donc raison lorsqu'il m'indiquait le 12 juillet à Diélette : "Malheureusement, le tracking n'est pas fiable.

Après avoir observé les traces des 24 voiliers du groupe 4 , il apparaît que l'écart entre la réalité, c'est à dire entre le bateau comité mouillé à 150 à 200 m à l'ouest de la bouée de Flamanville et la trace du tracking se situe entre 50 et 200 m !

Malgré cela, niant l'évidence, il n'a pas hésité à nous "condamner" à la peine la plus sévère...

En effet,ce 12 juillet, entre Jersey et Diélette, la trace démontre que Karibario a laissé toutes les marques de parcours fixes du mauvais coté... Et mieux vaut ne pas parler pas de notre arrivée dans le port.



Trace de Karibario Manche Fibres à la bouée d'arrivée à laisser à tribord.      Ecart estimé de 150 à 200 m avec la réalité. ( Nous avons franchi la ligne en virant à la bouée ) .







A partir de cette copie d'écran l'arbitre a conclu que nous étions rentré de 180 m dans la zone interdite.

Détail, il a admis le lendemain que la ligne rouge n'était pas la limite de la zone interdite...


Trois photos prises vers l'arrière de Karibario tribord amure où l'on aperçoit deux des bouées de la zone interdite et la jetée sud de la centrale, limite sud de la zone interdite sur notre arrière tribord.




On constate que notre bord babord amure est éloigné de la ligne entre la jetée ( juste devant le batiment blanc en bas à droite ) et les bouées matérialisant la zone interdite ( à gauche)






Si nous étions venu dans le nord de la jetée comme l'ont prétendu nos accusateurs, d'autres voiliers étaient manifestement à notre vent...



Trace de Karibario Manche Fibres au passage de la bouée Jersey Violet et de la balise de la Petite Anquette à laisser à bâbord . Cette tourelle cardinale Est se trouve sur des roches. 

A noter que, ce 12 juillet, la trace montre que nous avons laissé toutes les marques de parcours du mauvais côté...




Trace de Karibario à l'arrivée à Diélette








LES FAITS: 
12 juillet.  étape Jersey / Diélette

Depuis l'anse du Rozel, le First Class 10 Les Rapetous, est derrière nous au louvoyage. Dans le courant contraire de la pointe de Flamanville, (1.8 noeuds), il vire de bord 14 fois en espérant que nous virions moins bien qu'eux. Cela n'a pas été le cas, bien au contraire.

A chaque fois, nous le "gardons au chaud dans nos fumées".

Peu avant l'arrivée alors que nous louvoyons  à proximité de la zone interdite, l'un de nos équipiers entend "Karibario ... zone interdite ". Le skipper n'entend pas et pour ma part, devant l'ordinateur, je crois que l'on appelle Karibario à la VHF. En effet, à cause des trop nombreuses "petites plaisanteries entres amis" des accompagnateurs, nous baissons fortement notre VHF en navigation.

A l'arrivée, une rumeur circule sur les pontons prétendant que nous avons navigué dans la zone interdite de la centrale nucléaire.

Vers 18 h, je porte la déclaration d'arrivée au car podium et dialogue aimablement avec l'arbitre national, P.Bréhier, que je connais depuis près de 40 années. Je regarde le tableau d'affichage, comportant le tableau des réclamations et n'y constate aucune mention nouvelle.

A 20 h 20, le skipper effectue la même démarche et passe lui aussi au car podium. Il constate  qu'une réclamation est déposée par "Les Rapetous" contre "Karibario" avec une clotûre dans 10 minutes. 

Il s'empresse de me chercher, me trouve sur une terrasse, et m'explique la situation. Nous n'avons même pas le temps de retourner au bateau et nous précipitons au bureau où sont jugées les réclamations alors que nous approchons de l'heure limite de la convocation.  Il est convenu que ce soit moi qui défende cette réclamation du fait que cela concerne la navigation.




L'ARBITRAGE:
Session du 12 juillet a Diélette

Le jury est constitué de P.Bréhier, arbitre national, et de deux assesseurs, F.Cléris et M Tachon.

G.Lamarre représente Les Rapetous et indique que nous avons navigué dans la zone interdite. Les juges me présentent leur demande de réclamation où il apparaît qu'ils nous ont hélés, déroulés leur pavillon rouge et ont informés notre skipper à l'arrivée au port. Je tombe des nues du fait que nous naviguions en permanence à quelques longueurs et conteste donc formellement cette version.

L'arbitre m'indique alors que dans ce cas particulier concernant le RIPAM, la règle 61.1 s'applique et n'oblige pas en informer l'adversaire. Je lui fais alors remarquer que sans l'extrême vigilance de J.Legallet, nous aurions été jugés en notre absence.

G.Lamarre présente alors ses preuves qui ne sont autres que des copies d'écran sur un petit smartphone où apparaît seulement un point comportant notre numéro de cagnard sur une carte et notre position difficilement identifiable. Les juges en conviennent et me demandent de tracer sur une feuille notre route.

Je précise que sur Maxsea Time Zéro, la zone interdite est différente selon l'échelle utilisée et difficilement visible du fait de sa couleur rose pâle.  P Bréhier en convient en m'indiquant : "En effet, vous pensez bien que j'ai été voir avant".

Il s'en suit ensuite une petite discussion courtoise où P.Bréhier nous indique qu'il avait été amené à juger le cas de X.Macaire qui, lors du Figaro 2015 avait pénétré une zone d'exclusion et avait écopé d'une pénalité de 1 h pour 81 h de course.

P.Bréhier s'étonne alors que je n'ai pas gardé notre trace sur notre ordinateur. J'explique donc, en insistant, qu'après notre habituel apéritif de fin de course, avec le skipper, nous analysons  notre trace du jour  sur notre ordinateur . Puis le navigateur l'efface et coupe  l'informatique et l'électronique.  Procédure quotidienne sur pratiquée par tous les navigateurs de Karibario depuis que nous avons de l'informatique à bord.

G.Lamarre propose donc que le tracking utilisé pour le suivi de la course tienne lieu de preuve. Sur de nous, je l'approuve totalement. L'arbitre, P.Bréhier nous rétorque alors : "Malheureusement, le tracking n'est pas fiable." Nous interrogerons le sémaphore." et nous indique qu'il rendra sa décision à Cherbourg le lendemain.


L'ARBITRAGE:
Session du 13 juillet a Cherbourg

Le jury est constitué de P.Bréhier, arbitre national, et de deux assesseurs, F.Cléris et J.Tachon.

Cette fois, notre skipper J.Legallet se rend à la convocation et je ne suis présent qu'en temps qu'observateur.

Il commence par détailler précisément la manière dont trois équipiers des Rapetous lui ont parlé de l'incident sans jamais lui indiquer qu'une réclamation était déposée et qu'il n'a eu aucun contact avec Pronier, le skipper des Rapetous.  Il confirme aussi que c'est un peu par hasard qu'il a parcouru le détail du tableau des réclamations à 20 h 20.

En tant que barreur, il confirme qu'il n'avait pas remarqué de croix de St André sur la jetée et que jamais il n'est rentré dans la zone interdite matérialisée par des bouées. 

C'est alors que le président du jury lui présente une feuille 21 x 27 avec un fort grossissement où il apparaît clairement que Karibario a pénétré de 180 m dans la zone et y a même effectué trois virements de bord. La zone interdite étant, d'après lui, matérialisée par une bande rouge verticale.

J.Legallet en reste coi et, pour ma part, cela me confirme ce que m'en avait dit un ami à terre sur l'imprécision du tracking. Mais P.Bréhier n'en démord pas, cette trace ne peut être que bonne. Les deux autres juges ne prononcent pas un mot.

Avant de partir, J.Legallet présente l'article 10 des Instructions de course qui précise que : 
- Les zones considérées comme des obstacles sont définies dans "Les annexes parcours".  Or, les dites  annexes sont vierges de toute précision...

En notre absence, les arbitres se réunissent puis la sentence tombe (application des règles 28 et 62 - à lire en annexe :  Disqualification sans possibilité de retirement pour esprit anti-sportif. 

C'est à dire que Bréhier applique la sentence la plus grave qui, mathématiquement,  nous fait perdre le Tour des Ports en "prenant" 25 points alors que nous gagnerons finalement 5 manches sur 7.

Tracé présentée à Jan Legallet par le jury.
La ligne rouge représentant d'après l'arbitre et Les Rapetous la limite de la zone interdite.





Abasourdis, nous consultons le site du Tour des Ports et analysons nos traces.   Nous y constatons que ce 12 juillet, entre Jersey et Diélette, nous avons laissé toutes les marque fixes (Jersey Violet, Petite Anquette, Bouée de Flamanville) du mauvais côté à des distances variables d'une trentaine de mètre à 350 / 400 m !

Pire, il nous apparaît que la ligne rouge présentée par le jury comme la limite de la zone interdite est, en fait le tracé en route directe entre la bouée L'Ecrevière et la Bouée de Flamanville!

Nous décidons alors de déposer une demande de réouverture de la réclamation et sommes confiants. Nous constituons un dossier comportant plusieurs copies d'écran du tracking.

Au vu de ces tracés incohérents, il nous semble impossible qu'un jury impartial ne revienne pas sur sa décision.



Session du 14 juillet a St Vaast la Hougue.
Réouverture de la réclamation

Le jury est constitué de P.Bréhier, arbitre national, et de deux assesseurs, L.Berthillier et F.Bertin.

J.Legallet nous rapporte que l'arbitre national P.Bréhier a reconnu qu'il avait mal interprété le tracé qui lui avait été présenté à la session précédente. La ligne rouge y figurant n'étant pas la limite de la zone interdite mais le tracé de la route directe entre L'Ecrevière et la bouée de Flamanville .

Il précise aussi que  Karibario n'avait pas viré trois fois dans la zone interdite  mais qu'il avait "franchi la ligne " de quelques longueurs. 

P.Bréhier affirme aussi que le veilleur du sémaphore n'avait rien observé. Et pour cause, le sémaphore de Flamanville est un restaurant depuis une dizaine d'années! Il a donc menti.

Malgré tout, il maintient sa décision, en précisant, qu'il avait eu le sentiment que le navigateur que je suis avait cherché à "l'enfumer" lors de la première session d'arbitrage!

Il a aussi prétendu n'avoir jamais dit la veille que le tracking n'était pas fiable. Alors pourquoi donc a t-il reporté son jugement au lendemain afin d'avoir le temps de contacter le sémaphore ? 



EPILOGUE

Etant moi-même arbitre, on m'avait appris lors des sessions de formation que l'on ne doit pas juger selon son impression mais sur les faits. Cela est évident puisqu'il est fréquent dans les clubs que l'on soit à la fois adversaire et arbitre. Ce qui était d'ailleurs le cas lors de ce TDPM.

Qu'un arbitre base sa décision particulièrement grave sur l'interprétation d'une trace issue d'un système dont il dit lui même :  "le tracking n'est pas fiable" puis qu'ensuite il se trompe sur l'interprétation du document "officiel" qui lui a été remis dénote un amateurisme certain. A moins que...

L'orgueil de l'arbitre national Bréhier ne lui a pas permis de se déjuger. C'est malheureusement un classique.

En "développant" mes photos et vidéos, il apparaît à plusieurs reprises que l'on observe notre position par rapport à la fameuse jetée, mais aussi les bouées de la zone interdite ainsi que notre passage à la bouée de Flamanville (à 150 / 200 m de la trace du tracking!)

D'ailleurs en observant les traces de seulement dix voiliers, il est facile de constater que les écarts à l'arrivée vont de 150 m à 400 m entre le tracking et le positionnement du bateau comité!

Il reste une procédure d'appel auprès de la FFV mais J.Legallet n'est pas un procédurier.

Pour nous, le Tour des Ports de le Manche 2017 sera donc:

7 ETAPES, 2 PODIUMS, 5 VICTOIRES.

 Ce sera aussi la première fois en 2017 que, sur une quinzaine de confrontations, Les Rapetous nous précèdent lors d'un classement. Félicitations donc à eux pour ce podium sur tapis vert... et bravo pour le fair play dont se targue leur propriétaire.

Cocasse aussi quand l'on sait que ce  même soit disant Class 10  a gagné le TDPM en 2012 avec une mèche de safran en carbone et des dizaines d'autres modifications et cela,  en HN alors que le jaugeur de l'épreuve était informé !



ANNEXES

LES REGLES DE COURSE A LA VOILE - FFV

Règle 28.1   EFFECTUER LE PARCOURS
 Un bateau doit prendre le départ, effectuer le parcours décrit dans les instructions de course et finir.

 Ce faisant, il peut laisser d’un côté ou de l’autre une marque qui ne commence pas, ne délimite pas ou ne termine pas le bord sur lequel il navigue. Après avoir fini, il n’a pas besoin de franchir complètement la ligne d’arrivée. 28.2 Un fil représentant le sillage d’un bateau à partir du moment où il commence à s’approcher de la ligne de départ depuis le côté pré-départ pour prendre le départ jusqu’à ce qu’il ait fini doit, s’il est tendu, (a) passer chaque marque du côté requis et dans l’ordre correct (b) toucher chaque marque à contourner, et (c) passer entre les marques d’une porte depuis la direction de la marque précédente. Il peut corriger toute erreur pour respecter cette règle, tant qu’il n’a pas fini.

CHAPITRE 5 / RÉCLAMATIONS, RÉPARATIONS, INSTRUCTIONS, MAUVAISE CONDUITE ET APPELS

Règle 62
 RÉPARATION 62.1
Une demande de réparation ou une décision du jury d’envisager une réparation doit être basée sur la prétention ou la possibilité que le score d’un bateau dans une course ou série a été ou pourrait être aggravé de façon significative, sans qu’il y ait eu faute de sa part, (a) par une action inadéquate ou une omission du comité de course, du jury, de l’autorité organisatrice, du comité de contrôle d’équipement ou de jauge de l’épreuve, mais pas par une décision du jury quand le bateau était partie dans l’instruction ; (b) par une blessure ou un dommage physique dû à l’action d’un bateau ayant enfreint une règle du chapitre 2 ou d’un navire qui n’était pas en course et qui avait obligation de se maintenir à l’écart ; (c) en apportant de l’aide (sauf à lui-même ou à son équipage) en respect de la règle 1.1 ; ou (d) par l’action d’un bateau ou d’un membre de son équipage, qui a donné lieu à une pénalité selon la règle 2 ou à une pénalité ou avertissement selon la règle 69.2(c). Prescription de la FFVoile : Pour les épreuves de la Fédération Française de Voile, le comité de contrôle d’équipement ou de jauge est composé du jaugeur d’épreuve et des éventuels contrôleurs d’équipement. Le jaugeur d’épreuve et les contrôleurs d’équipement font partie du comité de course pour les besoins de la règle 60.2.


62.2 Une demande doit être faite par écrit et identifier les raisons de cette demande. Si la demande est basée sur un incident survenu dans la zone de course, elle doit être déposée au secrétariat de course dans le temps limite ou dans les deux heures après l’incident, selon ce qui est le plus tardif. Les autres demandes doivent être déposées aussitôt que raisonnablement possible après avoir eu connaissance des motifs de la demande. Le jury doit prolonger ce délai s’il existe une bonne raison de le faire. Un pavillon rouge n’est pas nécessaire.

























































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