Saint Cast - octobre 2008
C’était
une belle journée d'automne.
Rondine, un Cognac, n°21 de la série, construit par Aubin en 1968 possède toujours des voiles d’origine ! Une peinture bleu marine vient de lui redonner belle allure. Quand à moi, il y a plus de 50 ans que je navigue à la voile.
Parti de St Malo dans la matinée avec mon ami Philippe nous avions mouillé pour déjeuner devant le petit port de St Géran, au fond de la baie dela Fresnaye , à deux pas
du Cap Fréhel. Avant de relever le
mouillage, j’avais endraillé le foc 1, car, comme prévu, le vent de sud-ouest
avait fraîchi à l’approche de la dépression annoncée.
Rondine, un Cognac, n°21 de la série, construit par Aubin en 1968 possède toujours des voiles d’origine ! Une peinture bleu marine vient de lui redonner belle allure. Quand à moi, il y a plus de 50 ans que je navigue à la voile.
Parti de St Malo dans la matinée avec mon ami Philippe nous avions mouillé pour déjeuner devant le petit port de St Géran, au fond de la baie de
Après
avoir longé le Fort La Latte , dès la sortie de
la baie, une belle brise d’une vingtaine de nœuds nous poussait à 100/110° du
vent.
Philippe
est à la barre, Rondine, bien gîté,
tribord amure, marche fort, autour de 6 nœuds. La visibilité est excellente et
nous faisons route vers la tourelle de Nerput
afin d’embouquer le chenal du décollé.
A environ 2 milles dans le nord-est du sémaphore de St Cast, nous sommes en vue de quelques bateaux de pêche, seuls sur
l’eau en ce jour de semaine. En se penchant sous le vent, nous apercevons les
« moustaches » de l’un d’entre eux, sur notre avant bâbord ( à 11h),
à environ un demi-mille, qui fait route vers nous. Il passera derrière.
Je
me recale dans l’angle du cockpit tribord. Peu de temps après, Philippe, à la
barre, m’indique : « le pêcheur
se rapproche ». Il l’aperçoit de temps à autre sous le foc bien
débordé. Je me penche sous le vent et identifie, un bateau de 8 à 9 m en
aluminium, avec une coque semi-planante.
Il va vite, et se trouve maintenant en route de collision à environ300 m .
Penché sous le vent, je le surveille en permanence et pense, comme mon barreur,
qu’il nous frôlera sur l’arrière. « Encore
un C…qui veut s'amuser d’un plaisancier », pensais-je en mon for
intérieur.
Il va vite, et se trouve maintenant en route de collision à environ
Et, comme il y a une trentaine d’années,
lorsque je régatais assidument,
l’interrogation classique, passera t-il devant ou derrière se pose. Je
ne suis plus certain qu’il passera derrière, il semble même nous couper la
route. Faut il abattre ou lofer ? Mais il va vite, le bougre, 12, 15
nœuds, je ne sais, et le risque de collision devient évident, « quel c.. ».
Je recommande au barreur de garder sa route afin d’éviter que nous abattions tous deux au même moment. C’est trop tard. A pleine vitesse, le caseyeur nous percute à hauteur de la cloison de cockpit bâbord et nous bouscule violemment. Que s’est il passé dans les secondes qui ont suivi ? C’est difficile à dire, bousculé comme nous l’avons été.
Je recommande au barreur de garder sa route afin d’éviter que nous abattions tous deux au même moment. C’est trop tard. A pleine vitesse, le caseyeur nous percute à hauteur de la cloison de cockpit bâbord et nous bouscule violemment. Que s’est il passé dans les secondes qui ont suivi ? C’est difficile à dire, bousculé comme nous l’avons été.
Rondine à démâté immédiatement, je
suis aveuglé par le sang qui coule d’une blessure à la tête, mon bras est
douloureux et le bateau se remplit d’eau, très vite. En vain, Philippe a essayé
de récupérer ses affaires à l’intérieur. Presque immédiatement après nous avoir
percuté, le caseyeur a coupé les gaz puis fait marche arrière pour nous
récupérer sur son arrière facile d’accès alors que Rondine s'enfonçait, nous avions de l’eau jusqu’aux épaules quand
nous avons nagé jusqu'à notre agresseur stoppé à deux mètres qui, cela ne
s’invente pas, s’appelle : "L’ami sincère "
L’un
des trois solides pêcheurs m’a empoigné et précipité, la tête en avant, dans
les bacs au milieu des araignées. Il était 15 h 35 h. Un peu choqués, nous ne
parlons pas. Les pêcheurs non plus. Ils s’occupent de leurs araignées… Nous
avons droit à une seule phrase du patron: « il y avait de la buée... » Manifestement, ce n’est qu’une
péripétie dans leur journée. Ils diront qu’ils ont récupérés des naufragés et
réfléchissent sûrement à trouver une explication honorable…
Une
dizaine de minutes après, nous débarquons à la cale de St Cast ou une ambulance avait été appelée pour nous recueillir. En
fait d’ambulance, c’est la
Gendarmerie qui nous attend et nous fait subir un alcootest
ainsi qu’aux trois pêcheurs. Test négatif pour tout le monde. Il y a peu
d’humanité dans leur travail, c’est un contrôle parmi d’autres.
Nous
nous abritons dans la
« bijute » de " L' ami sincère " et attendons l’ambulance. Les pêcheurs
débarquent leurs caisses d’araignées. Trempés, frigorifiés, blessés, nous
commençons à réaliser le coté surréaliste de notre situation. Mon coude,
déboité, est très douloureux, je saigne d’une plaie au front.
Il y a une demi-heure nous partagions une belle journée de navigation, et maintenant nous attendons sagement que l’on nous prenne en charge alors que tout le monde s’agite autour de nous. De temps à autre, « on » nous dit que l’ambulance arrive. Ce qu’elle fera, effectivement, après 30 minutes d’attente sur la cale !
Il y a une demi-heure nous partagions une belle journée de navigation, et maintenant nous attendons sagement que l’on nous prenne en charge alors que tout le monde s’agite autour de nous. De temps à autre, « on » nous dit que l’ambulance arrive. Ce qu’elle fera, effectivement, après 30 minutes d’attente sur la cale !
Une
vingtaine de minute plus tard, nous arrivons à l’hôpital de Dinan, le plus proche. Il y a 1 h 20 que
nous avons coulés, que nous sommes trempés. Nous sommes frigorifiés. Depuis une
heure que nous sommes à terre, personne ne nous a proposé de nous changer ou
une boisson chaude… Pas une excuse, une
seule phrase...
Il est probable qu’avec nos 69 et 73 ans, trempés, nous les effrayions… Nous avons été ensuite été entendu parla Gendarmerie Maritime ,
avec compétence et humanité.
Il est probable qu’avec nos 69 et 73 ans, trempés, nous les effrayions… Nous avons été ensuite été entendu par
Vous
l'avez compris, notre chauffard s'appelle « l'ami sincère ».Je ne reverrais plus Rondine, sans doute est-ce une belle mort pour un voilier ?
Qu’aurions
nous dû faire :
Notre grosse erreur a été de ne pas imaginer
que, dans cette zone fréquentée, un bateau rapide soit sous pilote automatique.
Mais qui n’a jamais été frôlé à quelques mètres par un bateau de pêche ?
Sans doute, un plaisancier moins expérimenté
n’aurait pas osé maintenir sa route alors que les deux bateaux étaient à moins
de 100 m et aurait abattu en grand au risque de se retrouver coupé en deux par
le bateau de pêche qui aurait fait sa manœuvre d’évitement logique.
Par chance, notre route était tellement
convergente, que le bateau de pêche a « rebondi », en la défonçant
sur la coté bâbord de notre Cognac. S'il nous avait percuté
par le travers, il nous écrasait.
Dans ce cas, peut être aussi, aurions nous pu
l'éviter en virant au dernier moment ?
Avec des si, il est toujours facile de trouver
des solutions.
EPILOGUE:
L'assurance a remboursé rapidement (deux mois) le propriétaire.
Le tribunal a condamné le pécheur, un patron salarié, à régler une somme de 10 000 € . Ce salarié s'est rendu insolvable. Il a fallu d'autres actions en justice (procédure diverses, huissier...) pour qu'en 10 ans, cette somme soit partiellement recouvrée.
EPILOGUE:
L'assurance a remboursé rapidement (deux mois) le propriétaire.
Le tribunal a condamné le pécheur, un patron salarié, à régler une somme de 10 000 € . Ce salarié s'est rendu insolvable. Il a fallu d'autres actions en justice (procédure diverses, huissier...) pour qu'en 10 ans, cette somme soit partiellement recouvrée.
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