mardi 31 janvier 2017

NOS CANOTS DE SURVIE SONT OBSOLETES

NOS CANOTS DE SURVIE SONT OBSOLETES

Ecrit en 2010


En plaisance, le canot de survie a probablement tué plus de personnes qu'il n'en a sauvé."
 Philippe Harlé


Entendons nous bien, je ne remets pas en cause l’utilité des canots de survie pour les bateaux de pêche, pour la navigation au large ainsi que pour les bateaux à moteur du fait des risques d’incendie.

Considérez donc que ce fil ne concerne que les voiliers qui naviguent à moins de 100 milles des côtes européennes.


La base de ma réflexion est que parmi mes relations, je recense un ami à coup sur sauvé par un canot, un autre perdu faute de canot, un troisième dont le canot ne s'est pas gonflé, un quatrième mort de n'avoir jamais pu embarquer sur son bib. 


Et si je connais une dizaine de voiliers qui ont fini leur vie sur des cailloux ou à la suite d’une collision, je ne me souviens que de quatre voiliers qui ont subit un incendie sous voile. Chiffres à rapprocher de mes 16 connaissances ou amis tombées et perdues en mer. 

Force est de constater que cela fait peu de cas d'utilisation réelles par rapport aux nombres de canots en service. Parmi les 10 cas d’utilisation du canot de survie en Europe que nous avons recensé, un seul concerne un voilier de croisière qui a coulé rapidement ( SCHPOUNTZ 44) et sans doute de 3 à 5 autres concernent des voiliers en course.



En recherchant depuis 35 ans en Europe, nous n’avons recensés que 10 cas d’utilisation réels à proximité des côtes européennes, là ou naviguent 95 % des voiliers.

Sur ces 10 cas, nous recensons :
- 18 personnes sauvées. GRACE au canot de survie 
- 9 personnes perdues A CAUSE du canot de survie.
- 2 personnes perdues MALGRE le canot de survie.



Rapport du Fastnet 1979  :

 « Sur les quinze radeaux gonflés, trois ne se sont pas gonflés normalement, cinq ont chaviré, un s’est complètement désintégré. Il est clair que les radeaux de survie n’ont pas été capables d’offrir le service que l’on attendait d’eux. Les voiliers ont tous été retrouvés par la suite et remorqués.»


Et surement une dizaine sauvées du fait qu'elles n'ont pu embarquer dedans. ( Radeau défectueux, détruit durant la manoeuvre ou mal amarré )

On a recensé aussi quelques cas d’utilisation abusive de ce même canot qui ont entrainé la disparition des utilisateurs

Il suffit de lire le livre de Louise Longo "Elle dort dans la mer " où le skipper d'un Banjer 37 s'est affolé en évacuant son voilier "en train de couler" . Le canot de survie a disparu. Le père et sa petite fille n'ont pas résisté au froid. Seule la mère a survécu ... Le voilier a été retrouvé avec seulement un hublot cassé !


Depuis 2010, nous avons malheureusement d'autres cas qui auraient pu être dramatiques.

 ( Folie Douce, Attalia,  Kelt 7.6m, Tobago, Cyclades 50 )

 Par ailleurs, la lecture des interventions dirigées par le CROSS Jobourg  révèlent une minorité d’interventions pour des voiliers, généralement pour des pannes moteur et une seule avec un usage du canot de survie.



Il faut absolument répéter :qu’il faut absolument rester à bord tant que le voilier flotte.

Le meilleur moyen que des équipages paniqués gonflent leur canot à mauvais escient ne serait il pas de le supprimer ?

Si l’on considère, à juste titre, que la vie humaine n’a pas de prix, continuons à mettre la tête dans le sable et à acheter et réviser nos canots de survie. Nous pouvons continuer ainsi durant des dizaines d’années. La mécanique est bien rôdée et les prestataires continueront à prospérer avec la rente que nous leur offrons.

Je crois aussi qu’il faut raisonner différemment selon que l’on navigue comme 95% (ou plus) des plaisanciers, c'est-à-dire à moins de 50 milles des côtes ou au large.

En lisant les rapports du CROSS, vous constaterez que les hélicoptères de la Sécurité Civile interviennent à 50 milles de leur base , en moyenne, entre 30 et 45 mn après réception d’un appel de détresse. Le sauvetage le plus long à ma connaissance a été de 8heures  à 150 milles des côtes, de nuit, par très gros temps!

Les moyens de sauvetage ne sont plus ceux de 1975. Les canots de survie datent d’un temps ou la VHF, les balises de détresse et les combinaisons de survie n’étaient pas ou peu connues.

Raisonnons avec pragmatisme et ouverture d’esprit. Faisons preuve d’imagination.



Ce que nous disent des intervenants d’un fil H&O précédent :

» le plus important est la réduction du temps de recherche des secours avec 2 aides: la VHF/ASN qui donne la position exacte du navire au moment de l'abandon et la balise EPIRB qui "traque" la route du radeau. La meilleure chance de survie est de jamais avoir à utiliser le canot »

« Faire péter la survie dans le carré d'un voilier de moins de 9m, permet de garder celui ci a flot jusqu'à l'arrivée des secours , ce qui est plus sécurisant que de rester a bord. »

« En navigation à porté de VHF, et en particulier avec l'ASN, on connait la position du sinistre et la récupération est rapide. En hauturier, avec une balise, on se retrouve dans une situation à peine plus complexe et différents moyens de secours peuvent être sur place relativement rapidement : largage d'une chaîne de survie par avion, déroutage de navire de commerce etc... »

« Dans mon cas, avec un naufrage à 2 milles de la côte, l'annexe à voile ou à moteur aurait été salvatrice .Le seul intérêt des radeaux est de te protéger efficacement du froid ou du chaud. « 

« Je pense qu'une EPIRB ou une PLB est maintenant le complément presque indispensable au bib, même en navigation côtière »

« Une petite balise de détresse personnelle (moins de 500 € ) ne devrait-elle pas être systématiquement achetée et mise dans le grab-bag afin de démultiplier l'efficacité de la survie ? »

« Suite à mon naufrage, il y a une chose que j'ai toujours avec moi, c'est une balise de détresse. »

« Etant donné qu'il est recommandé de ne quitter son navire qu'en dernier ressort, il y aurait une possibilité qui je pense rendrait bien des services.
Ce serait des volumes gonflables alimentés par bouteille et actionnés à la main.
par exemple, un à l'avant un à l'arrière maintiendrait le bateau à l'eau.
Je ne pense pas que cela prendrait un gros volume, rien de comparable à nos survies, et avec un pliage adéquat il se développerait uniformément.
en prix, sûrement rien de comparable aussi à nos survies.

« la règlementation est développée pour la majorité et la majorité n'est pas votre cas ou le mien. La majorité est celle qui navigue en statistique sur une moyenne, vous le savez de quelques heures par ans. Donc l'administration se moque totalement de votre cas personnel.
Comme c'est nos fesses que nous promenons sur nos bateaux ainsi que celle de nos familles, il faut … trouver et mettre en place une survie vraiment efficace. Cela veut dire qu'il faut se poser la question du pavillon (hélas) … ». 






EFFICACITE OU CONFORMISME
UNE SOLUTION ALTERNATIVE AU CANOT DE SURVIE


Nous sommes en 2010, nos voitures sont maintenant équipées d’airbags.
Un intervenant à proposé l’utilisation de volumes gonflables à l’intérieur d’un voilier. Pourquoi pas? 

Grâce à ce fil, il est apparu que les Australiens commercialisent ce produit. http://www.turtlepac.com/yachtdetails.htm. Ce fil m’a donc permis de découvrir que, ce qui apparaissait à beaucoup d’entre vous, il y a peu, comme une ineptie est techniquement possible.

En France aussi, des structures gonflables étaient commercialisées par PACIFLOT, volumes gonflables automatiques  l’on peut positionner dans le poste avant, les cabines ou les coffres.

Bien entendu, la conception de cloisons étanches à la construction est préférable.

 Il est entendu qu’il ne s’agit que de maintenir à flot le voilier en attendant les secours et, peut être même,  ce produit est il une alternative à la survie dynamique pour la navigation au large. En tout cas, contrairement à un canot de survie, il permet de sauver le bateau.

Il me parait aussi possible d’imaginer qu’au large le voilier puisse continuer à faire route par beau temps. Cela deviendrait donc de la survie dynamique.  

Rappelons que nous cherchons, avant tout, une solution efficace pour des voiliers naviguant à moins de 100 milles des côtes européenne, généralement secourus moins d'une heure après l'appel de détresse.

Il ne s'agit donc « que » de tenir le temps que les secours arrivent.

Rester à l’abri d’un voilier quelques heures au ¾ rempli d’eau ou même sur le pont attaché et en combinaison de survie m’apparaît  plus sécurisant que de se retrouver entassé dans un canot de survie détrempé et instable.

En effet, une combinaison de survie permet de barboter longtemps, même dans de l'eau à 1 °. Et cela m'apparait plus confortable que d'être trempé dans un canot... Les témoignages sont unanimes sur ce point. 

Dans l’exemple du J 133 coulé récemment par des baleines aux Etats-Unis,  après 4 h dans le canot, les équipiers étaient déjà en hypothermie.

La flottabilité n'est pour moi que l'un des éléments de la chaine de sécurité qui pour moi comprend:
- Des gilets de sauvetage,
- la VHF,
- une balise de détresse,
- des combinaisons de survie
.


En 2010, nous disposons de combinaisons sèches (80 euros) et de balises de détresse (400 euros). A rapprocher des 400 euros que vous réglez tous les trois ans pour une vérification de votre survie.

Pour ma part, mon opinion a sérieusement évolué. J’avais déjà pris conscience de l’inutilité d’un canot de survie obligatoire sur un catamaran de croisière que l’on a bien du mal, lorsque les autorités l’exigent,  à couler volontairement pour le détruire après son abandon par l’équipage.

Nous ne sommes plus en 1976, année où les canots de survie sont devenus obligatoires. Nous disposons de combinaisons de survie et de balises de détresse fiables en plus de la VHF.

Selon les zones ou je naviguerais, je pense que je choisirais la combinaison de ces trois outils complémentaire associés à un pavillon européen pour rester dans la légalité. Solution plus sécurisante que l’obligation légale française.

En terme de prix, cela surement plus onéreux :
- 2 à 4 combinaisons sèche : 200 à 400  euros,
- une balise de détresse : 400 euros
- Des balises individuelles




En croisière côtière, on peut aussi faire l’économie de combinaison de survie et les remplacer par des combinaisons de plongée ou sèches  puisqu’on l’a vu, les hélicoptères interviennent généralement entre 20 et 45 mn après l’appel de détresse par VHF.

Mais vous ferez l’économie de révision obligatoire à 400 euros tous les trois ans  et sauverez votre bateau si, par exception, il devait couler.

Certains m’objecteront que ce n’est pas la solution en cas d’incendie. Ils ont raison, mais les cas sont tellement rares que je n’en connais pas. Et il reste toujours l’annexe…

La preuve, même dans l’aéronautique prend en compte que les toboggans ne sont pas fiables à 100%.
«  En aéronautique, les essais de certification d'évacuation des passagers par toboggans sont faits avec 50 % des toboggans opérationnels. Un rapport FAA il y a quelques années faisait état que dans un tiers des évacuations réelles, au moins 1 toboggan ne s'était pas gonflé correctement »

C’est tout de même mieux que lors « du naufrage de l'Estonia ou le rapport d’enquête démontre que, après le naufrage, sur 63 radeaux, 50 ont été retrouvés gonflés, 2 dégonflés et les 11 autres présumés coulés). 20% n'ont donc pas fonctionnés »
[http://www.onnettomuustutkinta.fi/...]

La solution parfaite n’existe pas.

Mais si cet article a contribué à faire prendre conscience à certains d’entre vous de NE JAMAIS ABANDONNER UN VOILIER QUI FLOTTE ENCORE, il aura été positif.





QUELQUES INTERVENTIONS A MEDITER :

« il me semble qu'à partir du moment où on laisse n'importe qui prendre la barre d'un voilier sans formalité particulière ni formation de base, on peut tout aussi bien le laisser libre d'emporter ou non une survie ou tout autre matériel en fonction de son choix personnel »

« Quand à l'action néfaste de la SNSM sur la règlementation, elle est particulièrement couteuse pour nos petites embarcations et je ne lui dit pas merci sur ce coup là, le principe d'em...der la majorité au bénéfice exclusif d'une minorité n'étant pas dans mes idées »


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