mardi 31 janvier 2017

FORCE 10 dans les Channel Islands


Bulletin météo pour la journée du 3 novembre 1991: JERSEY: SW backing WSW 8 with gusts to 60 knots. Sea: Rough -West later METEO FRANCE: Vent WSW force 8 – violentes rafales à 55 noeuds. Tendance ultérieure: NW lundi- Mer Forte

METEO : Durant cette journée, les  sémaphores ont enregistrés les pointes de vent suivantes : Jersey : 60 noeuds Carteret : 57 noeuds Granville: 67 noeuds

A 10 heures, 64 noeuds ont été enregistrés à Jersey. Environ 30 voiliers Français étaient présents à la marina . Après de nombreux palabres, la plupart ont décidés de prendre le ferry pour St Malo. Seuls, quatre voiliers de Granville, ont pris la décision de partir vers 14 h, à la renverse.

J'ai hésité un moment, ayant des doutes sur la capacité de résistance des voiles usagées de Caugek ( Sun Légende 41 de location ) et, aussi, du fait que le decca nous donnait des points fantaisistes. La renverse du courant étant à midi, nous avons été les premiers à appareiller vers 13 h 30.

Après avoir pris trois ris à l'abri du port, nous sommes sortis alors qu'un grain approchait. Nous l'avons subi à hauteur de Dog Ness et, sous trois ris et moteur, nous avions bien du mal à progresser à 2 noeuds.

La visibilité était de l'ordre de 50 m, le vent en pointe est monté à 52 nœuds réels pour se stabiliser autour de 45. Après avoir paré les proches dangers, le vent étant tombé à 40 noeuds, nous avons déroulé quelques m2 de génois et abattu au cap 150/160 vers la NE Minquiers à environ 80 ° du vent. La mer était forte, avec des creux de 3 rn, parfois plus. Le vent moyen s'est stabilisé à 35/40 noeuds avec deux grains à 48 noeuds.

A 16 h 00, nous sommes tombés sur la SE Minquiers alors que le vent n'était plus que de 30 noeuds. Nous avons mis le cap au près vers St Malo mais il est vite apparu qu'à cause de la mer très hachée et de la déformation du génois, nous ne pouvions espérer remonter à plus de 60° du vent dès que le vent dépassait 35 noeuds.

Lors de l'embellie, après un grain, nous nous sommes retrouvés à 1/4 de mille dans l'ouest des Ardentes. Il devenait évident que nous ne pouvions atteindre St Malo. J'ai donc mis le cap sur la Grande Entrée de Chausey puis, devant l'imminence d'un nouveau grain, j'ai préféré contourner l'archipel par le Nord. Ce qui fût judicieux !

Escortés par un banc de dauphins, après avoir eu quelques difficultés à hisser le génois dont la drisse fut malencontreusement choquée. Nous avons ensuite fait route jusqu'à Granville, par petit temps…  Enfin presque, il n’y avait plus que 25/30 nœuds.

Amarrés au port de Hérel à 18 h. Grune sec 6, Dame de Lecq , India Song et le ketch de Pierre Bachelet nous ont succédés dans l'heure qui suivait.

Pour ma part, depuis 1968, date de ma première traversée vers Jersey, j’ai dû en effectuer plus de 150. C'est le retour le plus risqué dont je me souvienne. 

En dehors des courses, Je n'ai rencontré que trois fois des temps plus durs. 


En 1975, au large de Capetown ainsi que dans le golfe de Gascogne. J'avais déjà vécu une expérience similaire dans les Anglos entre Guernesey et St Malo en novembre 1988 mais c'était sur Pen Duick VI.


L'EQUIPAGE: 

En dehors de Sylvie et Denis qui avaient effectué quelques rares navigations avec moi, les 5 autres étaient de parfaits néophytes, parisiens branchés. Ils se sont remarquablement comportés, trempés dans la bonne humeur. Certains méritent toutefois des mentions particulières.

 Denis, il est vrai solidement encouragé par le soutien discret mais néanmoins actif de son épouse, a manifesté de belles dispositions au poste de navigateur ainsi que de réelles qualités de pugnacité lors d'un féroce combat avec un génois récalcitrant.

Cécile et Sylvie, admirables dans l'inconscience de leur première navigation, pour avoir fait une confiance aveugle au skipper qui a apprécié leur bonne volonté, leur stoïcité et leur bonne humeur dans l'humidité ambiante .

Patrick et Gilles, deux équipiers dont l'expérience inégale a été compensée par une grande placidité, gage de la certitude d'obtenir un renfort efficace en cas de situation extrême.


Enfin Sylvie, qui, malgré une expérience nautique unanimement reconnue, a connu une légère baisse de son tonus habituel. Lors du retour; a effectué une action de communication tout à fait remarquable. Peut-être mériterait elle aussi une mention spéciale pour ses qualités de « barreuse » sur les routes étroites de Jersey ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire