Un sauvetage
Que
penser de cette fortune de mer, de cet incident qui aurait pu devenir
dramatique.
En
juin 1991, je convoyais un Rush avec un copain du Crouesty à St Malo. Dans la soirée, nous passons Penmarch au
moteur sur une mer d’huile et prenons le cap vers le Raz. Devant nous, à un
mille environ, nous apercevons un feu de poupe sur notre avant tribord. C’est
surement un voilier qui fait route vers Audierne.
La
nuit s’annonce particulièrement calme, la visibilité est excellente. Vers
minuit, il se confirme que nous serons un peu en retard pour embouquer le raz
de Sein avant la renverse, nous abattons vers St Evette ou nous finirons la
nuit.
A deux
milles d’Audierne, nous voyons tous les feux de la côte de St Guénolé à Plogoff !
Sur la plage nous apercevons des feux, une boite de nuit est parfaitement
visible, la bouée du banc de la
Gamelle , témoin de tant de naufrages, clignote sur notre
tribord ; des fêtards allument un feu rouge. Il est deux heures du matin,
vivement que l’on se couche.
A 5
nds, nous faisons maintenant route vers la jetée de St Evette. Nous croisons la
vedette SNSM qui sort et nous demande : « avez-vous vu quelque chose ? ». Après notre
réponse négative, nous prenons un mouillage.
Surprise,
le lendemain matin, un Kelt 7.6
m est amarré le long de la jetée. L’intérieur est
totalement noirci par de la suie, un matelas est brulé. Que s’est il donc
passé?
Ils nous apprennent que, après avoir
effectué deux ou trois « touchettes », plus impressionnantes que réellement
dangereuses, le jeune équipage, affolé,
envoie une fusée. Celle-ci, mal orientée, part vers l’intérieur sur un matelas
du carré. Une intense fumée se dégage durant la combustion de la fusée qui
brule la mousse.
Craignant l’incendie, l’équipage s’affole et gonfle le canot de survie.
Les 4 équipiers embarquent dans le canot de survie sans gilet de sauvetage et abandonnent leur voilier. Ils allument un feu à main rouge. Celui-ci est aperçu depuis la terre qui alerte le canot SNSM.
45 mn plus tard, la vedette SNSM de St Evette, récupère les naufragés qui dérivent sur leur canot de survie à une centaine de mètres de leur voilier. A 2h 30, le voilier est remorqué intact à St Evette; seul l’intérieur est totalement noirci par de la suie. Un matelas est brulé.
Si l'on n'était pas venu les
chercher, ils auraient sans doute dérivés jusqu'aux plages proches ou récupérés
leur bateau. Par contre, s'il y avait eu un peu plus de houle, leur canot
aurait été chaviré dans les déferlantes qui règnent fréquemment sur ce haut
fond sinistrement connu.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire