mardi 31 janvier 2017

la cape courante, cape seche, fuite, ancre flottante




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 CAPE COURANTE :

Sur un SWAN 38 dans le golfe de Gascogne avec une mer croisée et 40/45 nœuds de vent :
« Une fois descendu dans les profondeurs du  carré nous oublions facilement la mer démontée et les 40 à 43 nœuds qui soufflent à l’extérieur…

Les changements de quart sont, comme le reste, d’une extrême rigueur. Cela donne :   « mon jeune ami, dans 12 secondes cela va être votre tour… « 

Amarinés comme nous le sommes, c’est à peine si nous nous rendons compte que nous sommes sur un voilier qui subit un coup de vent. C’est la première fois que je prends la cape et en suis surpris. Des années après, c’est  le principal souvenir qui me restera. »

« Pour remettre en route, c’est simple, il suffit de choquer l’écoute au vent et de border celle sous le vent. Par contre le barreur est obligatoire et n’est pas à la fête… Nous faisons route au largue à 8 nds, travers au vent et aux vagues du vent ; immédiatement je me rends compte que c’est une conn...

A la barre, il est dur de maintenir le SWAN 38 sur son cap à cause de la houle résiduelle de trois quart arrière qui est contrariée par la mer du vent. A la barre, je prends fréquemment des  paquets de mer qui brisent sur la coque au vent.

Après une dizaine de minutes, les » chefs » décident que le vent à forcit et nous reprenons la cape bâbord amure vers le large. Nous reprenons notre routine. Lecture, apéritif, déjeuner, café, dormir, quart… »

La FUITE :

14    août 1979 : « OSSIAN », half-tonner Hustler 32 avant de sancir et d’être roulé lors du Fastnet. 
Patrice Ratzel raconte avant d’être roulé et démâté:  
« Très rapidement, nous ferlons la grand-voile et mettons en fuite seulement sous foc n°3.  Grand largue, nous partons sur chaque vague à des vitesses de 14 à 17 noeuds et, en conséquence, décidons de réduire encore la toile, bien que le bateau reste tout à fait contrôlable.

Vers une heure du matin, François M… et Gilles L sont de quart. Est-il besoin de préciser que barrer dans de telles conditions, dans la nuit, avec 50/55 nds de vent, des vagues invisibles dont nous saurons par la suite qu’elles atteignaient 10 à 12 m, n’est pas à la portée du premier venu.

Mais à peine une demi-heure après avoir envoyé le tourmentin, une vague particulièrement forte soulève notre tableau volumineux, l’étrave s’enfonce et le voilier devenu incontrôlable part au lof juste devant la crête de la déferlante.

Avant que le bateau ne se redresse, il s’est écoulé un temps qui nous parait d’une longueur infinie mais qui n’a pas du dépasser une minute. Nous sommes les uns sur les autres. Par toutes les rares ouvertures, par la descente entre ouverte, l’eau se précipite. »

« OSSIAN » démâté, se mettra ensuite en cape sèche.

La 



CAPE SECHE :
Toujours sur « OSSIAN », half-tonner Hustler 32 après avoir été roulé par une déferlante :
« Constatant que nous n’avions  pas de voie d’eau, j’ai décidé d’attendre que cela se passe, enfermés à l’intérieur. La barre est amarrée et le voilier démâté file vers le sud-est à 4/5 nds, bousculé régulièrement par des vagues de direction différentes.

 Nous avons passé le reste de la nuit en cape sèche, barre amarrée. Le bateau libéré de son gréement, se comportait sainement en bouchonnant. »



La FUITE : 
Sur « KARIBARIO », half-tonner Hustler 32 de Stephens Jones lors de la même nuit à quelques dizaines de milles de OSSIAN.

Son propriétaire, Jan Legallet raconte  « L’anémomètre reste fréquemment en butée plusieurs minutes à 50 nœuds. La mer se creuse et je guide Jean-René en lui indiquant ce qu’il doit faire pour négocier chaque vague car il est impossible à ce moment de regarder derrière et de barrer en même temps. Nous les prenons, si possible, de trois quart arrière bâbord amure.

Deux ou trois déferlantes remplissent le cockpit, finissant de nous tremper et de remplir nos bottes. La première, particulièrement forte, casse l’arceau en alu qui fait office de balcon arrière et sur lequel sont tendues les filières. Ces déferlantes nous emmènent dans des surfs un peu fous et angoissants dans la nuit.

A 4h45, alors que le lever du jour commence enfin à se lever, une vague plus abrupte et plus haute que les autres nous emmène dans un surf terrible à environ 15 nœuds. Nous la prenons bien en ligne, sans problème apparent ; mais lorsque nous arrivons dans le bas de la pente, nous enfournons dans le creux et nous voyons avec stupeur l’avant du bateau disparaître et l’eau venir jusqu’à nous. 

Nous avons sanci, mais le bateau, au lieu de faire la culbute complète, est retombé, a gité à 80° sur tribord et nous a expédié, Eliane et moi, à l’eau alors que Jean-René se tenait à plein bras à la bastaque.

Il est maintenant évident qu’il faut changer quelque chose à notre allure »

KARIBARIO prendra ensuite la fuite avec des trainards.





La FUITE avec des traînards:

14 août 1979 - Nicholson 30 « GRIMALKIN ». Selon Nick Ward (le survivant resté à bord) «Les yeux écarquillés, nous tentions de déchiffrer sur les lèvres de nos compagnons leurs avertissements pour mener Grimalkin à travers, au-dessus, dedans et quelquefois sous les murailles d’eau. En plus des embruns et des paquets de mer emportés par le vent, le sillage de Grimalkin créait sa propre vague, d’énormes jets d’eau qui jaillissaient sur les côtés, souvent plus haut que nous, lorsqu’il accélérait.

 Et, pour rendre encore un peu plus précaire notre situation, les traînards n’avaient pas eu l’effet escompté. Certes, ils nous ralentissaient, on pouvait apercevoir des embruns phosphorescents qui volaient lorsque la crête des vagues brisaient autour d’eux, mais les déferlantes qui suivaient continuaient à nous submerger. La tactique de fuite n’était donc pas adaptée à de tels ouragans, mais comment aurions-nous pu le savoir ?»

NDLR : Comme il précise : » on pouvait apercevoir des embruns phosphorescents qui volaient lorsque la crête des vagues brisaient autour d’eux, »  Il est probable que les traînards de ce Nicholson n’étaient pas lestés ce qui les rendaient évidemment inefficaces contrairement à l’exemple suivant lors de la même nuit.

Jan Legallet sur KARIBARIO - Hustler 32-
« JR et Luc  nous font passer l’ancre  Brittany 8 kg puis l’aussière et nous filons le tout de façon que l’ancre soit tirée également par les deux bouts.

Le bateau devient plus stable sur sa route et nous marchons à 5 nœuds de moyenne. Nous surfons encore, mais nous nous arrêtons avant le bas de la vague. Le bon comportement du bateau et la vitesse excessive lors des surfs nous poussent à augmenter les trainards.

Nous demandons alors la grosse ancre, une Brittany de 12 kg, et Olivier l’installe sur les deux aussières d’amarrage tournées sur les mêmes taquets.

Nous ralentissons à 3.7 nœuds de moyenne et prenons beaucoup mieux les vagues. Les déferlantes ne sont pas plus dangereuses qu’elles l’étaient, ce que je craignais au début. « 

Le jour s’est levé et je suis ahuri par l’énormité de la mer. Je ne pensais pas que cela pouvait exister à ce point là ! J’ai vraiment peur maintenant et je commence à me demander si nous allons nous en sortir entier. »

Quelques heures plus tard :
« Vers 10h30…le bateau démarre sur ce gigantesque coup de pied dans les fesses et accuse, en surfant, un énorme coup de gite à bâbord….J’entends Jean-René m’appeler, me disant : »viens vite, ta femme est au jus ! »… Eliane est retenue par son harnais et se cramponne aux trainards. A deux nous tirons Eliane le long du tableau inversé pendant que Olivier tente de remettre le bateau en ligne…

Jean-René a vu arriver cette énorme vague déferlante en disant à Olivier de se cramponner très fort. . Ce dernier n’a pas saisi toute la crainte de cet avertissement et a été projeté à l’eau mais  a pu remonter seul presque immédiatement sur une embardée qui a mis l’angle du tableau arrière au niveau de l’eau devant lui !....

L’ambiance de relative sécurité créée par le comportement du bateau avec ses trainards, les quelques heures sans casse, l’avion qui vient de disparaître et la peur est revenue, aggravée par la fatigue… Bien qu’épuisé, je ne peux dormir car le bateau roule beaucoup….Sur deux déferlantes, je me précipite dehors pour voir si tout le monde est là… »

Il est important de noter que l’équipage de KARIBARIO est convaincu que, en fuite sans leurs traînards, leur voilier aurait une nouvelle fois nouveau sanci ou chaviré.

J’ai aussi retenu que Mike Birch, dans des articles des années 1970 expliquait que dans la tempête, il utilisait des traînards sur son trimaran Olympia pour éviter de sancir. Il est à noter que M.Birch est l’un des rares skippers à ne pas avoir chaviré sur un trimaran sur plans de D.Newick ou W.Greene…

Peter Blake à aussi utilisé des traînards lors des dernières 24 h de son record autour du monde du Trophée Jules Verne sur son maxi-catamaran ENZA en arrivant à Ouessant en 1984. 


ANCRE FLOTTANTE :

Jamais je ne l’utiliserais.
D’après ce que j’ai lu depuis des années, il semble qu’un bateau de plaisance retenu par à coups par une ancre flottante puisse embarder et se retrouver en travers au moment ou arrive une déferlante.


Je connais aussi au moins le cas de deux Catana qui ont chaviré par l’arrière alors qu’ils étaient sur ancre flottante.

Des dizaines de cas réels sur :  dragdevicedb.com


4  COURS DE NAVIGATION DES GLENANS 1972  page 388


"La fuite retardée: mouiller une ancre flottante par l'arrière est probablement dangereux: le bateau est trop retenu. L'arrière ne soulage pas convenablement à la lame.

Il est préférable de traîner des grosses aussières, que l'on file soit en long, soit en boucle. Si on peut les lester, elles travaillent en profondeur et leur action est plus régulière.

Ce procéder a des avantages certains....
Pour éviter le vent arrière, les traînards peuvent être amarrés un peu sur le coté, etc. Encore une fois, il n'y a pas de règles absolues, il faut tatonner, juger du résultat...


L'amarrage des traînards les plus puissants doit être prolongé jusqu'à l'avant du bateau par un filin passant à l'extérieur des haubans et tourné sur la bitte. En effet, pour les récupérer le moment venu, il est nécessaire de pouvoir faire tête sur eux: les remonter par l'arrière est à peu près impossible tant que le vent demeure frais."



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