mardi 31 janvier 2017

MA PREMIERE FOIS - 1970






Nous étions en stage de croisière, partis la veille dans la nuit de Granville à cinq sur un Ghibli "Néarque", ( 6.5 m ). Arrivés le samedi matin à l’aube à Jersey, mon copain François, a embarqué dans l'après-midi sur un autre voilier.Le Brise de mer 31 "Beaubriand Lévèque" , en compagnie de Patrice. Jugeant mon expérience suffisante, il m'a juste mis un mot sur la table à carte pour m'en informer !

Le courant s’inversant vers l’est en fin d’après midi, nous avons quitté le bassin de St Hélier, à la godille et à la voile, vers 15 à 16 h. Les bateaux n’ayant pas de moteur hors-bord. La météo était celle d’un temps habituel de Manche à cette époque de l’année. Ni mauvais, ni froid mais gris et bouché. Le vent est modéré, force 4 d’ouest.

Nous laissons la Demie de Pas derrière nous et filons bon train sous grand voile à 1 ris et foc 1, cap au Sud vers les Minquiers.

En novembre, la nuit tombe vite. Peu de souvenirs me reviennent en mémoire de ces 15 milles vers l’ouest de Chausey. Sans doute, une certaine anxiété, puis la satisfaction de découvrir les feux successifs des Caux puis de Chausey et des Ardentes. Sans doute aussi, le plaisir maintenant inconnu de tracer un semblant de point par relèvement sur une table à carte éclairée, tant bien que mal, par le faisceau d’une lampe torche.

En effet, la route imposée passe par l’ouest de Chausey. Et aucun feu ni bouée ne balise les rochers acérés des Rondes de l’Ouest et de La Déchirée.

Pas facile donc, de se situer. Par exemple, pour le danger isolé de la Cancalaise, situé deux mille dans le sud-est, il suffisait de le parer en relevant le phare de Chausey. Encore fallait-il que le relèvement soit correct sur le compas de relèvement « Mini-Morin » un tantinet baladeur sur un voilier barré par un stagiaire qui en était le plus souvent à sa  première expérience maritime.

Ce dernier danger paré, il fallait encore arrondir les trois balises Ouest non éclairées du Marteau sous le phare de Chausey avant de remonter le Sound au louvoyage contre le courant et de mouiller dans la nuit noire.

Aujourd’hui, un coup d’œil sur Maxsea, et quelques modifications de cap sur le pilote, bien abrité sous une capote, auraient permis une navigation sans soucis, navigation pourtant source de la satisfaction d’avoir déjoué tous les pièges.

Comme chaque week-end, nous étions partis la veille de Granville vers minuit. Les stagiaires arrivant de Paris par le dernier train de 23 h 15.

Immédiatement embarqués, nous partions au plus vite avant la fermeture des portes du bassin à flot (ouvertes deux heures par marée) et la première manœuvre consistait, les connaisseurs apprécieront, à tirer trois bords dans le sas de l’écluse !

Les « chiens jaunes » étaient dans le bain. Porté par le courant, il s’en suivait généralement un bord de 5 à 6h vers  le banc Violet et St Hélier ou nous arrivions à l’aube.

J’avoue qu’en écrivant ces lignes, j’ai un peu de mal à imaginer que des jeunes et des moins jeunes payaient pour se retrouver à 5 dans un bateau à 4 couchettes avec un chef de bord plus jeune qu’eux. J’oubliais, j’avais 19 ans.

Pourtant, cette formation ne devait pas être si mauvaise, puisque sur 5 voiliers écumant sans moteur les Anglo-normande et l’Angleterre  de 1967 à 1977, 40 week-end ou semaines par an, je ne me souviens pas d’échouement ou de problèmes sérieux.


C’était une autre époque et pour plagier Ch.Aznavour, je dirais » un temps que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître ». 

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