dimanche 22 janvier 2017

10 CHERBOURG / WEYMOUTH 2018


CHERBOURG / WEYMOUTH




LA NAVIGATION A L'ANCIENNE 
EST LA MEILLEURE








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19 au 21 mai 2018        67 milles -  coefficient : 90

1   SUN ODYSSEY 40 Karibario Manche Fibre  14 h 25' 55 "
2   J 35
3   FIGARO 2       à 20 mn.
4   SPRINT 10.80 à 50 mn
5   X 332                à 55 mn




Skipper et barreur :      Jan Legallet






Navigation & tactique : Daniel Bonnefoy
N° 1 :                                Eric Berthélem






Grand voile :                   Philippe Nadjar
N°2 :                                 Jacques Lemains





Embraque et réglages :  Baba et Ivan Poisson





Piano :                              Claire Bouchereau



Maintenant, je suis sidéré de voir comme l'électronique est peu étalonnée et donc ultra fantaisiste chez la plupart des plaisanciers et régatiers moyens, des polaires irréalistes, des vitesses optimistes, qui ne permettent pas d'utiliser le matos. 

C'est un peu comme les mecs qui débarquent avec un jeu de voile carbone en foirant la moitié des empannages et tactiquant à l'envers, qui se font déposer par des papis en trapanelle qui se glissent dans des cailloux a priori impossibles en passant des manoeuvres impeccables. 

28 voiliers de Cherbourg, Granville, Le Havre et Weymouth ont couru cette course du Yacht Club de Cherbourg devenue une classique.


LE RESUME DE JAN :

Samedi 19 Mai. CHERBOURG-WEYMOUTH. Beau temps, mer plate. Excellent départ dans 5 nœuds de vent d'Est mais le First Class Europe « Protocol » , non prioritaire, nous force à virer et nous le touchons. Nous réclamons et il prendra 20 % des places à cette manche.

Long bord de spi tribord amures avec le courant Est qui fait augmenter le vent. Nous empannons les premiers, et toute la flotte suit dans les 10 minutes.



Une belle option courant défendue par Daniel, notre navigateur, nous permet de couper la ligne en 2ème position derrière le Figaro 2 granvillais « Sponsor wanted », et 1er en compensé. Euphorie car c'était tout sauf le temps du bateau.


Les météos sont unanimes, ce sera une course de petit temps. D'ailleurs, les gribs Arôme pris le matin de la première étape nous confirmeront que la situation sur la Manche est compliquée avec un régime de vent d'est nord-est faible et de larges zones de calmasse.

Logiquement, le comité de course a publié un avenant qui repousse l'heure limite d'arrivée à 7 h du matin. Malgré cela, nous pensons que cela nous sera peut être difficile de terminer dans les délais impartis.

En effet, le Sun Odyssey 40, malgré ses nombreuses qualités, ne peut faire de miracle avec des vents inférieurs à 8 nœuds face à des Figaro 2, J 111, J 88, J 35, Sun Fast 3600, X 332  et d'autres luges qui affectionnent le petit temps.

A 9 h, le départ est donné dans la rade avec un vent léger de nord-est et, heureusement, un courant favorable de un nœud nous permet de "faire la ligne" favorable à la bouée, tribord amure.  Notre timing est excellent et, à 1,5 nœud, nous sommes surement les mieux placés.

Malheureusement, le Class Europe, qui se présente d'abord face à nous bâbord amure, décide, contre toute évidence, de mettre "la barre dans le coin" pour passer devant toute la flotte, et nous en particulier, alors qu'il est évident que "cela ne le fait pas".

Immédiatement, je le hèle : "Monsieur Bard, je réclame, protest " et je déplie le pavillon rouge dans la minute.


Prévoyant une collision inévitable, j'ai le temps de prendre mon appareil photo dans la poche de mon ciré, de l'armer afin de prendre les quatre photos qui suivent.


Photo 1 : Le Class Europe arrive bâbord amure face à Karibario. 



Photo 2 : Le Class Europe vient de s'infiltrer bâbord amure entre la bouée et Karibario Manche Fibre. Karibario est lançé à 2 nœuds et se rend compte qu'une collision est inévitable à hauteur des balcons avant et commence son virement.



Photos 3  : Afin de limiter le choc entre les voiliers,  Karibario entame un virement et dévente son génois. L'équipier du Class Europe se précipite à l'avant au point de choc.





Photo 4 : Karibario est presque face au vent. Les deux voiliers se touchent bord à bord et obligent le X 332 et le petit  Gib Sea Plus à virer.





Photo 5 : Une à deux minutes après la collision, le Class Europe censé être encalminé devance Karibario d'une longueur... Le X 332 part bâbord amure.




On le sait depuis Audiard, "les c... cela ose tout...".

Lors du jugement de la réclamation, Ph.Bard, le propriétaire du Class Europe "Protocol "improvisera une belle fiction où il apparait que son voilier était encalminé et que, malgré  "la barre dans le coin", il refusait de virer . Il insiste aussi sur le fait que c'est Karibario , alors qu'il virait bâbord amure, qui est venu le toucher sur son coté tribord en fin de virement !

Devant des incohérences manifestes, le jury, expérimenté, n'a pas été dupe et l'a "condamné" à une pénalité de 20 % des places pour infraction à la règle 10 du chapitre 2 :

"Quand des bateaux sont sur des bords opposés, 
un bateau bâbord doit se maintenir à l’écart d’un bateau tribord."







Le X 332, le First Class 10, les Figaro 2, le Sprint 10.80, l'A 31, les J 88 et J 97  sont à l'aise dans ces petits airs et nous devancent au passage de la bouée de la Truite où nous envoyons notre nouveau spi bleu,  tribord amure, à 90 ° du vent. Même des minis de 6.5 m et le quarter Gib Sea plus sont avec nous.






Dès la sortie de la rade, le courant du début de la renverse nous emmène vers l'est. Heureusement, car celui-ci nous crée un vent apparent bienvenu lorsque le vent synoptique ne dépasse pas 4 à 5 noeuds.

Progressivement, au fil des heures, la courant augmente jusqu'à 4,5 nœuds, ce qui augmente proportionnellement notre vitesse. Nous avançons régulièrement à 6,5 à 7 nœuds en direction ... de l'ile de Wight.



En effet, compte tenu du changement de la direction du vent , prévu par nos gribs, nous "montons" au nord. Malgré tout, la flotte s'étale d'ouest en est sur environ 3 milles.

Nous sommes nettement à l'ouest, seuls le Class Europe et le J 35 sont encore plus sous notre vent. Nous apercevons à 2 ou 3 milles au vent le Sun Fast 3600, l'A 31, le Grand Soleil 39 et plusieurs autres. Les Figaros 2 et quelques autres voiliers sont déjà loin devant, au vent. Etonnamment, alors que l'on approche du rail des cargos, le Class Europe lofe et monte au vent en traversant la flotte.

L'heure est venue de sortir les sandwichs au jambon fumé.

En début d'après midi, le vent adonne et mollit à 4/5 nœuds. Jan, le barreur, est obligé de lofer vers le nord-est à 120 ° du vent afin de maintenir le spi gonflé. Cela correspond aussi au fait que l'heure de la renverse approche. Le courant n'est plus que de 1,5 nœuds, toujours vers le nord-est.

A noter, c'est le seul moment ou nos prévisions météo Arôme correspondront à la réalité.





Nous croisons quelques pétroliers et cargos sur le rail montant.
Soudain, Jan s'aperçoit que notre VMG est négatif. C'est à dire que notre route s'éloigne de notre but : Weymouth. Il décide : "on empanne", sans laisser au navigateur 30 secondes de réflexion.

Cette décision est logique bien que le courant de 0.8 nœuds ne soit pas encore renversé. Le Class Europe, le X 332 puis une grande partie de la flotte, très étalée, empannent aussi dans les 10 minutes qui suivent.





Péniblement, bâbord amure, nous avançons vers le nord-ouest à 4,5 nœuds. Progressivement, le vent "revient" un peu en adonnant et nous atteignons les 7 nœuds à 90 ° du vent... avec un cap excellent vers Portland Bill.

En effet, je crains fortement une baisse du vent, voire une pétôle à l'approche de la côte anglaise. Or, notre arrivée sur la pointe de Portland, à 7 milles au sud de Weymouth, correspond à l'heure de la renverse des courants. Afin d'augmenter nos chances d'arriver dans la baie de Weymouth, même avec un vent faible, je choisis de viser la bouée des Shambles.

D'après mes cartes papiers, j'ai calculé que, durant ces quelques heures, notre dérive liée au courant sera d'environ 16 milles !

De fait, après une heure au largue sous spi avec une bonne vitesse, le vent "refuse" et nous oblige à affaler et continuer sous génois au "reaching". Toujours avec le cap sur les Shambles avec le courant qui nous emmène.

A la fin de l'après-midi, nous n'identifions plus que quelques rares voiliers : le Class Europe qui remonte au près sous notre vent, le Sprint 10.80 et sa voile orange loin sous le vent. A l'AIS, le Sun Fast 3600 et le Grand Soleil 39 "Clézio" sont à 3,5 milles sur notre arrière ; le Figaro 2 de tête à 5 milles dans la baie.

Nous nous demandons bien pourquoi la majorité de la flotte est partie s'enfermer dans le fond de la baie alors que le courant leur sera contraire pour aller vers l'arrivée.

Progressivement, le vent passe à l' ouest et nous bordons notre génois réglé au près. Sur cette mer plate, malgré son poids, notre Sun Odyssey avance bien,  à une vitesse de 4 à 5 nœuds. Au gré des risées, les équipiers, motivés, se déplacent au vent ou sous le vent.

Tout le monde est bien conscient que c'est en ce moment que cela se joue et que nous sommes peut-être "bien".






Le soleil se couche, nous allumons les feux de route et continuons au près, toujours vers la bouée de Shambles, de plus en plus difficilement, alors que le courant devient faible avant de se renverser. 












Après la bouée, à 7 milles de Weymouth, dans la nuit, notre cap nous emmène vers la ligne d'arrivée. Mais le vent devient très faible, presque nul. Le Class Europe vire derrière nous et nous rattrape. Présomptueux, il n'arrive pas à nous passer au vent et nous le "sortons". Contraint de virer, il disparait dans la nuit vers la côte. Je refuse que nous le contrôlions craignant qu'il n'aille s'encalminer à la côte.

Peu après, le vent refuse de 30 ° et nous sommes obligés de virer afin de nous rapprocher de Weymouth. Puis, peu après, après un nouveau refus important, nous revirons bâbord amure vers la ligne d'arrivée. Nous apercevons de nouveau les feux du Class Europe à notre vent.

Le vent de 2 à 3 nœuds adonne. C'est surement un effet de côte lié à la haute presqu'ile de Portland proche. Régulièrement, il adonne encore et fraîchit légèrement.

A la VHF, le premier en temps réel, un des Figaro 2 s'annonce à proximité  de la ligne d'arrivée. Il est 1 h 30 du matin.

Quel rebondissement inespéré !  Inutile de demander à l'équipage de rester concentré. Tout le monde est sur les réglages, assure la gite ou éclaire les pennons sur le génois.

Nous apercevons le bateau comité et le vent continue à adonner pour nous emmener à 200 m de celui-ci. Un dernier virement et nous terminons, en temps réel, 1 minute devant le Class Europe et à peine 15 minutes après le Figaro !

Autant dire que nous voyons mal qui pourra nous battre en temps compensé. Même si l'on est jamais à l'abri d'une surprise.

Finalement, moins de la moitié de la flotte terminera avant l'heure limite fixée à 7 h du matin.

Il n'est pas banal qu'un Sun Odyssey 40 armé par un équipage de "vieux" ( 6 entre 65 à 72 ans ) gagne une régate de petit temps contre une telle flotte ! Aucun d'entre nous ne l'aurait cru au départ de Cherbourg.


NOS SECRETS ?

Nous sommes surement l'un des rare équipage à ne pas faire "chauffer " nos smartphones pour effectuer des routages.

Quand au navigateur que je suis, il n'a aucune confiance dans les cartes de courants informatiques, pas plus que dans les routages sur Sailgrib. Cette fois, j'ai utilisé les cartes Maupas des années 70 ainsi que les cartes anglaises.

Comme quoi, LA NAVIGATION A L'ANCIENNE A TOUJOURS DU BON.

http://karibario.blogspot.fr/2016/02/voile-magazine-2013.

























WEYMOUTH / CHERBOURG



LE RESUME DE JAN :

Lundi 21 Mai 7h. -WEYMOUTH/ CHERBOURG. Beau temps. Vent de N-NE changeant en force et direction.

Assez bon départ. Ca se gâte après 3h de course, avec le vent qui tombe et du clapot qui nous arrête. Ca dure 1h30. Les bateaux légers s'envolent et les petits ratings reviennent, dur, dur...

Le vent rentre et nous redémarrons fort, mais le mal est fait. Le dernier problème est de savoir si nous rentrons par la passe de l'Ouest (plus court), ou celle de l'Est (courant meilleur).

Nous choisissons l'Ouest, mauvaise pioche, le vent tombe et le faible courant contraire nous gêne beaucoup. Nous finissons 12ème en réel et en compensé.

Nous sommes, comme au Tresco, 4ème au général ; c'est frustrant car la passe de l'Est nous aurait permis de finir 2 ou 3ème...

 Moralité : on n'a pas raison à tous les coups.


Mardi 22 Mai. Convoyage retour vers Granville sans vent. 10h de moteur.



21 mai 2018      coefficient : 67

Le départ est matinal, à 7 h . Le vent semble établi autour de 10 nœuds d'est, le courant porte à l'ouest à partir de Portland.







Nos gribs Arôme nous laissent espérer que le vent de secteur Est sera présent. Nous avons toutefois une inconnue pour l'arrivée sur Cherbourg où une zone de calme semble s'établir en fin d'après midi. L'autre inconnue est que nous arriverons à l'heure de la renverse des courants.

Doit on viser la passe de l'ouest ou celle de l'est, en ajoutant une distance de l'ordre de 1.5 mille ?

Comme la majorité de la flotte, nous privilégions la route directe. Peu après le départ, alors que le soleil s'élève, nous envoyons le spi au largue.





 Après la bouée de Shambles, nous abattons légèrement de manière à ne pas trop refouler le fort courant qui s'installe.  Sous le vent, le Figaro 2 et le Class Europe plongent manifestement sous la route. Ce qui est logique pour eux.

Durant la matinée, nous souffrons à cause du clapot que n'aime pas du tout notre Sun Odyssey. Inexorablement, l'écart grandit avec nombre de nos adversaires.

En milieu de la Manche, nous sommes "mal ". Nous pensons toujours rentrer dans la rade par la passe Est du fait que nous arriverons sans doute au moment où le courant se renversera vers l'ouest.

Puis finalement, nous mettrons le cap vers la passe de l'ouest.

A 10 milles de la rade, le X 332 de Th.Lacour lofe au largue serré en direction de l'est. Nous pensons que ce n'est pas par hasard pour ce local expérimenté, excellent régatier, et hésitons à le suivre.

Nous restons fidèle à notre premier choix et nous aurons tort.  En effet, à 2 milles du fort de l'ouest, le vent mollit, notre spi porte difficilement.




Les jeux sont faits ; nous savons que nous prendrons une "bâche" alors que nous entendons les premiers s'annoncer à la VHF à 3 milles de nous. Le courant devient contraire dans la rade, heureusement encore faible. A deux milles, nous apercevons le X 332 qui arrive, spi correctement gonflé...

Thierry Lacour nous apprendra que, à Cherbourg, par vent de nord-est, il est habituel que le vent soit présent à l'est de la rade et pas à l'ouest. Nous retenons la leçon.

Le gagnant est le J 105 suivi du J 88 et du Figaro 2 . Notre mauvaise place de 12ème nous relègue à la 3ème place au classement général.





























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