samedi 11 octobre 2014

LES VOILES DE ST TROPEZ sur "Véronique"



Ma première régate sur « VERONIQUE"  yawl de 1907

Pour visionner 

les photos cliquez deux fois sur la première photo.





Il s’agit de ma première régate sur ce yawl construit en 1907 au chantier Luke & Co à Hamble proche de Southampton, dont je ne connais que son jeune capitaine, Cédric.

VIDEO "Yachting Monthly "sur "Véronique"

https://www.facebook.com/yachtingworldmagazine/videos/1132627840153820/












Au rythme méditerranéen qui sied aux quais de St Tropez, depuis le début de la matinée les 12 équipiers cosmopolites de « VERONIQUE », Argentin, Anglais, Suédois, Uruguayen, Français et même Malouin*, préparent cette vieille dame en configuration course.






Le capitaine et le tacticien...
































A 11 h précise, le propriétaire allemand, Hans, sa femme et ses quatre invités argentins et allemands montent à bord. 

C’est le signal du départ. Le moteur est démarré, la coupée rentrée, les amarres larguées et le capitaine, Cédric,  à la barre, infiltre le vieux voilier de 22 m dans le petit train des dizaines de voiliers qui se déhalent à deux nœuds vers la sortie du port.





Avec le petit temps qui sévit habituellement en fin de matinée dans la baie de St Tropez, tous les voiliers classiques « tournent » tranquillement  en attendant que le vent s’établisse. 

L’hôtesse, Julie, fait circuler des boissons… 


Admirer de près tous ces voiliers est un spectacle rare.


Peu avant midi, alors qu’un « embryon de semblant de vent » semble s’établir, le Comité de course donne le départ des « gros ». 

« MOONBEAM III et IV, « TUIGA »,
« CAMBRIA »,  »ELEONORA », « ELENA », « SUNSHINE » et une dizaine d’autres classiques plus ou moins longs, plus ou moins vieux, prennent le départ ou plutôt tentent de le prendre car leur vitesse, une fois lancés ne dépasse pas deux nœuds !

En longeant la côte du coté de Ste Maxime, la flotte se dirige tant bien que mal vers la bouée des Issambres, au près sur la route directe.

Dans 10 minutes, viendra notre tour. Hans prend la barre. En utilisant un mélange d’anglais mâtiné de français, le tacticien que je suis le guide afin de se faufiler dans la flotte de voiliers plus ou moins statiques. 

Comme j’ai l’habitude de le pratiquer sur des voiliers modernes, j’ai repéré la ligne, supputé son coté favorable, mesuré le temps nécessaire pour la franchir à partir d’un point de repère à terre…






Trois minutes avant le coup de canon, à 200 m de la ligne nous sommes sur le bon bord, au près, mais surtout, nous avons réussi à lancer « la bête » à plus d’un nœud.  

A l’approche de la ligne de départ, quand l’équipage s’aperçoit que la plupart de leurs adversaires habituels : « MARIGOLD », »PARTRIDGE », « KARENITA », « PEN DUICK » « OWL » sont derrière , la tension est palpable à bord.




« AVEL » et son étrave à guibre, est légèrement à notre vent.  Seuls de nombreux petits voiliers véloces nous précèdent.



Une dizaine de minutes plus tard, le vent s’établit un peu et nous atteignons deux nœuds. 

Hans barre bien et nous réussissons à conserver notre avance. 


Mieux, il nous semble que nous « revenons » sur la flotte des voiliers partis avant nous qui, manifestement, souffrent dans une « molle » devant Ste Maxime.

Dans le sud, à 90 ° de la route, j’aperçois une bande de vent nette devant la baie des Canoubiers. 

Les « locaux du bord », avec leur accent inimitable, m’indiquent que « c’est le thermique qui rentre » mais me dissuadent de virer pour « chercher » la risée en arguant que « le vent va venir » ,  que " les autres continuent », qu’il ne serait pas possible de « repartir » après un virement. 


Je les écoute d’une oreille mais l’idée me taraude. 


Ce qui m’étonne est le fait qu’aucun des voiliers, et non des moindres, de la flotte qui nous précède n’ait encore viré.




Toutefois, il devient évident qu’à un mille devant nous, du coté des Sardinaux, tous les voiliers sont encalminés. 


Malgré cela, Hans, avec un langage anglo-français comprend mal que l’on ne suive pas les autres.

Il est toujours difficile d’avoir raison contre tout le monde aussi je les écoute encore quelques minutes puis, finalement, en anglais, « I explain to Hans why we must to tack, now ». 

Mon ton impérieux le convainc même si cela nous écarte nettement de la route directe et bafoue le théorème du bord rapprochant.


 « Ready to tack » lance Hans ; le capitaine, Cédric, coordonne les différentes manoeuvres. « On vire », les dés sont jetés.

Ils avaient raison et je m’en doutais, relancer un yawl aurique d’une vingtaine de tonnes par 5 à 7  noeuds de vent n’est pas chose facile. 

Mais, après plusieurs minutes, nous retrouvons une vitesse autour de deux nœuds à 110 ° de notre cap précédent ! Cap sur la « Madrague » dans la baie des Canoubiers… Nos adversaires, devant Ste Maxime, s’éloignent… Personne ne dit mot mais je sens une certaine inquiétude parmi les équipiers.


Une demi-heure s’écoule. Notre vitesse est maintenant de l’ordre de trois nœuds et sommes maintenant tout proche de la bande bleue, signe de vent. Sur notre bâbord arrière, la flotte entière est encalminée.

Peu après, nous « touchons » le vent qui refuse. Une dizaine de nœuds de sud-est, canalisé par la baie. «VERONIQUE» gite et accélère à plus de 8 noeuds.  

Dès que j’estime être suffisamment « rentré dans le  refus », nous virons. Sur ce yawl resté « dans son jus », il n’existe aucun winch. La grand voile, l’artimon, le foc, le clin foc comme la trinquette sont bordés à l’aide de palans.

C’est un plaisir rare de voir la flotte défiler à 2 milles sous le vent… et l’on me dira par la suite que c’était la première fois que «VERONIQUE» se trouvait en tête d’une régate.

Quelques milles après, à la bouée des Issambres, le vent est revenu pour tous. 
Nous croisons juste derrière« THENDARA » « (38 m) ! 

Dans les quelques milles de près  qui suivront, « CAMBRIA » (38 m) , « ELEONORA » ( 42 m) puis « ELENA » ( 42 m)   et « MOONBEAM IV » ( 32 m)  nous doublent sous le vent sans coup férir.






A l’approche de la bouée au vent, le vent mollit.  Un généreux boulevard d’environ 50 m  nous est offert par « MOONBEAM III » (31 m)  qui venait de nous doubler sous le vent. J’ordonne au barreur, un peu surpris,  de s’infiltrer entre lui et la bouée et repassons notre adversaire à la bouée alors qu’il prépare l’envoi de son spi blanc.






Malheureusement, faute de voiles de portant dignes de ce nom et aussi, à cause de la « molle » traditionnelle qui règne devant la tour du Portalet,  le bord de vent arrière vers St Tropez est nettement moins glorieux. 


Consolation, de mémoire de l’ " ancien " du bord, Pierre,  jamais « VERONIQUE »,  n’avait réalisé une aussi belle régate.




Il est 17 h, il faut affaler, plier les voiles, prendre sa place dans la meute qui s’engouffre au ralenti dans l’entonnoir que constitue les jetées.





Des Rivas, des « cigarettes » se faufilent, les ,« Vedettes Vertes » de Ste Maxime essayent de sortir du port; comme à Paris dans les embouteillages, certains voiliers « font l’intérieur ».












Puis, longueur après longueur, les voiliers progressent, attrapent la bouée d’amarrage tout en faisant un demi-tour, arrière à quai devant des centaines, voire des milliers  de spectateurs massés sur les quais et la jetée. 

Les bombes à eau fusent entre voiliers, les équipages s’invectivent,  on entend un orchestre sur le quai, des équipages sont costumés…





Dès la coupée mise en place, le propriétaire et son épouse saluent l’équipage et ses invités quittent le bateau, rapidement. 

Puis, comme tous les équipages du monde, nous pouvons enfin savourer ce pourquoi nous avons trimé toute la journée sous le soleil : boire une bière fraîche.


                                                                                                                                Daniel Bonnefoy







































































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