mercredi 27 avril 2016

Convoyage ROSCOFF - DIELETTE- GRANVILLE sur le BAVARIA 40 S



Dimanche 24 avril 2016

Convoyage Roscoff -Guernesey 
sur le Bavaria 40 S "Gannet"
PM Roscoff  8 h 10 - coefficient 82- 65 milles




En compagnie d'un jeune équipier dynamique et sympathique, Augustin, nous quittons la marina à 8 h par un vent froid de nord/nord ouest de 15 à 18 nœuds et envoyons très difficilement la grand voile dont les coulisseaux ne "coulissent" pas. La drisse est "mouflée", mais il faut, malgré cela, utiliser la petite vitesse d'un winch pour, après 30 mn d'effort, enfin l'établir !

Pour ne rien arranger, le pilote automatique ne fonctionne pas. Heureusement que je ne suis pas seul comme cela était prévu !

Je ne me suis guère trituré l'esprit pour la navigation. J'ai seulement noté que le courant de flot porte à l'est durant environ trois heures. Compte tenu de la direction du vent il me semble toutefois, par expérience, préférable de "prendre un peu de nord " sur la route. Nous passons donc au nord des Triagoz.

Le Bavaria 40 S est un excellent voilier, vivant et réactif. C'est une bête de près, le seul voilier qui a réussi à battre le Sun Odyssey 40 "Karibario" au louvoyage dans la brise !




Notre vitesse oscille entre 7 à 9 noeuds au reaching, en fonction des nuages. Nous avons la chance de passer entre les grains. Par deux fois, des marsouins jouent avec notre coque.

En début l'après-midi, contrairement aux prévisions, le vent refuse de 10 ° vers le nord. Compensation, le soleil est là. Le courant est contraire depuis midi et nous emmène maintenant dans le nord-ouest, surement à 2/3 nds.

A une vingtaine de milles dans le sud-ouest des Hanois, le vent faiblit autour de 10 nœuds, la vitesse tombe et je regrette de n'avoir pas anticipé une route plus nord. 

Nous serrons le vent afin d'anticiper la renverse suivante vers l'est qui se rapproche. la vitesse fond tombe à 3 nœuds car nous faisons face à la veine de courant puissante qui descend des Hanois. Je crains que le vent ne mollisse encore dans la soirée et ne remette en cause notre objectif prioritaire : boire une bière dans un pub.

Aussi, je choisi de débrider et de nous faire avaler par le fort courant dans le Grand Russel. Finalement, le vent se maintient autour de 8/10 nœuds et, avec la mer aplatie, appuyé au moteur nous avançons correctement. Cela nous permet, vers 20 h, d'atterrir à 1/2 mille de la pointe St Martin dans le fort du courant.


Dans le Petit Russel, portés par le courant vers le nord,  nous affalons péniblement notre grand-voile récalcitrante. 

Notre tirant d'eau de 2.3 m ne nous permettant pas d'y passer la nuit,  nous rentrons dans la Victoria marina de Guernesey pour seulement deux heures. Le temps d'aller boire notre "Grolsch" au Albion pub et de compléter l'avitaillement dans la seul épicerie ouverte, hors de prix!










Nous passons ensuite la nuit sur le ponton extérieur.




Lundi 25 avril 2016

Guernesey - Diélette - Granville
Vent de nord-ouest  10 à 25 noeuds - 27 milles



Entre quelques gros nuages, de brefs éclats de soleil illuminent parfois St Peter, juste le temps d'une photo.

Le vent étant parfaitement dans l'axe du ponton d'attente, je choisis d'y envoyer la grand-voile. Beaucoup plus facilement que la veille. Dans la foulée, nous nous offrons un départ à la voile.

Vers 9 h, nous sortons du port, en route dans le Petit Russel vers la Passe Percée. Comme souvent, un paquebot est au mouillage. Le temps est gris, le vent de nord-ouest d'une dizaine de nœuds.

La mer est haute, et j'invite Augustin à nous piloter entre Herm et Jethou. Comme à l'habitude, les balises Alligande et Vermerette, sont difficiles à identifier.


Nous rejoignons le Grand Russel à la Fourquie, avec le cap sur le "castle" Victorien des jumeaux Barclay sur l'ile de Brecqhou, notre dérive est de l'ordre de 40° en direction de la pointe Nord de Sercq.

Le vent est bien accroché au nord-ouest d'une quinzaine de nœuds. Des nuages sombres nous encadrent. Notre route nous emmène vent arrière, je préfère tirer des bords de grand largue à 7/8 nœuds.




Autour de 12 h 30, nous approchons de la bouée des Dious et préfère affaler la grand-voile avant que le grain qui nous menace ne nous tombe dessus. 

Bien nous en a pris, car nous n'échappons pas à la pluie et à la survente juste devant la centrale EPR de Flamanville.

A peine étions nous amarrés au ponton du fuel. Marc Lepesqueux me demande si je repars pour Granville de suite sur un Sun Fast 37.

Je lui répond : " Ok dans 30 mn, si c'est avec toi !"


Diélette - Granville  -  Sun Fast 37
Vent d'ouest  25 noeuds - 47 milles

Une heure plus tard, à 15 h, nous passons péniblement, à moins de 2 nœuds, face aux vagues dont certaines déferlent, le seuil sableux de l'entrée de Diélette avec moins d'1 m d'eau sous la quille.

En abattant vers l'ouest, moteur à fond, je déroule un peu de génois et longeons la digue agressive de la centrale nucléaire bien connue. D'un peu près à mon goût, avec le gros clapot qui nous chahute. Heureusement, le courant nous pousse fort vers les piles centenaires de l'ancienne mine de fer sous-marine.

A la sortie du raz de Flamanville, par le travers de la bouée des Dious, Marc envoie la grand voile avec un ris.








Cela déboule bien vers Carteret. Le Rozel, Sciotot, Hattainville défilent rapidement sur bâbord. Nous marchons surement à 8 nœuds avec des surfs à plus de 10, où curieusement, la quille vibre !


De quoi parlent deux "vieux" navigateurs qui n'ont pas pris le temps de se parler depuis longtemps ? De nos victoires et de nos galères maritimes, de celles que nous avons eu ou que nous aurions pu avoir, de copains communs...

Marc est bavard, moi aussi... Aussi, nous ne voyons pas le temps s'écouler.

Nous échangeons nos vieux souvenirs de marins normands, de nos régates communes. C'est d'autant plus facile que Marc dispose d'une mémoire étonnante. C'est simple, il se rappelle de tout ! Les noms de tous les équipiers de "Fidji" sur lequel nous avons couru ensemble dans les années 80, par exemple.

La mer de travers est bien formée et chaotique, nous nous faisons "embarquer" et mouiller de temps à autres par une vague qui éclate par le travers.

En approchant de Portbail, nous n'oublions tout de même pas que nous sommes à marée basse car, le savez vous,  tout au long du Cotentin, on navigue fréquemment sur des fonds inférieurs à 5 m

D'ailleurs, sur les Bancs Fêlés,  la mer bouillonne. Les Ecrehous et Jersey sont parfaitement visibles sur tribord, devant, au loin nous discernons la pointe de Granville.


Bien sur, nous échangeons sur nos expériences de régatiers, les victoires et les coups d'enfer principalement, sur les tricheurs aussi,  sur son chavirage dans la route du Rhum, sur les déboulés sous spi sur son Class 40 par 45/ 50 nœuds sous gennaker, de ses projets... 




Avec Marc LEPESQUEUX de Diélette au Solent avec 45/50 noeuds de vent!

Sans oublier, la dernière "tôle" que nous avons prise ensemble lors de la coupe de Noël à Ouistreham... Marc m'explique aussi ses soucis de chef d'entreprise. En particulier, je suis effaré de l'entendre me relater des anecdotes de convoyeurs, soit-disants professionnels, titulaires d'un capitaine 200.

D'histoire en histoire, nous approchons de Senéquet, le phare de mon enfance, devant Gouville et ses cabanes multicolores que nous apercevons à 3 milles sous le vent.

 

Sur bâbord, Coutainville, la Pointe d'Agon et son cyprès remarquable défilent. Au loin, la cathédrale de Coutances et, derrière la tour de Ronquet, je devine Régnéville et son chantier naval improbable où finissent leurs jours"Grand Gamin"et "Kokoren"; Hauteville où j'ai navigué pour la première fois sur un Vaurien, puis les Salines. 

Je suis dans mon jardin.

Il est 19 h, dans 2 h je serai à la maison que je devine au loin sur la falaise.


6 heures pour effectuer les 47 milles entre  Diélette et Granville, on ne fait pas cela tous les ans... 

Rarement, un convoyage ne m'aura paru aussi court.










Une déferlante dans le Raz Blanchard ( voir à 1 minute)

"Un passage du Raz Blanchard mémorable. Une vague traîtresse énorme ! A l'arrière, au vent, debout contre ma bastaque, la pression de l'eau m’écrasant contre la bastaque me casse les côtes. J'en ai encore mal 6 mois plus tard ! Quelle ambiance à bord et une soirée à St Helier très Rhum..." Marc Lepesqueux





26 noeuds sur le fond dans le Raz Blanchard



Daniel BONNEFOY