lundi 31 décembre 2018

Mini TRANSAT 6.5 - LES REFLEXIONS D’UN ANCIEN VAINQUEUR :



EXTRAITS : 

« Depuis quelques années, toutes classes confondues, on a accepté de décaler les départs de course pour éviter la 1ère tempête. Récemment, on a changé les dates pour partir avant les tempêtes d’automne et maintenant il faudrait se mettre à l’abri à chaque coup de vent... »

 

 

« J’ai été très surpris ce matin d’apprendre que la quasi-totalité des concurrents de la Mini-Transat avaient fait le choix de faire escale pour se protéger du front qui devait traverser la flotte

Le choix de ces skippers signifierait qu’il n’est plus possible de négocier un seul passage de front en faisant la Mini-Transat ?

 

Est-ce que les bateaux accompagnateurs auraient été trop alarmistes dans le relais de l’information ?

 

vu l’aspect consensuel de cet arrêt, j’ai du mal à penser que les infos transmises aux skippers n’étaient pas inquiétantes et peut être trop alarmistes...

 

On dit que la Mini-Transat est le tremplin de la course au large, mais alors ces skippers qui n’auront jamais negocié le passage d’un front en mer auront-ils vraiment tant appris de l’esprit marin et de coureur ?

 

Ne sommes-nous pas en train d’infantiliser ces skippers, ne sont-ils pas en train de prêcher l’excès de sécurité.

 

je constate que ceux arrêtés à Baiona avaient largement le temps de rejoindre des abris plus tard en gagnant de précieux milles vers l’arrivée. »

 

 

 TEXTE COMPLET

J’ai été très surpris ce matin d’apprendre que la quasi-totalité des concurrents de la Mini-Transat avaient fait le choix de faire escale pour se protéger du front qui devait traverser la flotte dans la nuit de samedi à dimanche.

 

Alors certes, pour les concurrents qui viennent faire leur mini pour vivre une aventure, pour la finir, qui ont un crédit sur le bateau, qui ne visent pas une carrière, je conçois totalement que la sagesse et la prudence soient de mise. Mais alors j’avoue une incompréhension totale en voyant l’ensemble du groupe de tête des Séries à l‘arrêt...

 

Ils ont de véritables budgets, des bateaux pour gagner, 2 ans minimum de préparation dans les jambes avec plus de 5000 milles de navigation accumulées, une douzaine de compétitions derrière eux sur ces mêmes bateaux et ils ne seraient pas capables d’affronter des rafales à 40 noeuds pendant quelques heures !!!

 

Le choix de ces skippers signifierait qu’il n’est plus possible de négocier un seul passage de front en faisant la Mini-Transat ? Que se passe t’il ?

 

Rappelons que les concurrents ne disposent que d’une météo très sommaire fournie chaque jour par l’organisation via la radio vhf. Est-ce que les bateaux accompagnateurs auraient été trop alarmistes dans le relais de l’information ? Pas assez précis pour distinguer la météo des premiers et des derniers ?

 

En tout état de cause on voit bien ici, les limites du système entre disposer d’une vraie analyse météo personnalisée comme l’ensemble des classes de course au large ou le cas des ministes qui eux, n’y ont pas droit depuis toujours.

 

En tout cas, vu l’aspect consensuel de cet arrêt, j’ai du mal à penser que les infos transmises aux skippers n’étaient pas inquiétantes et peut être trop alarmistes...

 

Pour avoir gagné cette course en 1995 sans jamais avoir pu récupérer un bulletin météo en mer, je m’inquiète sérieusement de la tournure des choses dans cette classe. On dit que la Mini-Transat est le tremplin de la course au large, mais alors ces skippers qui n’auront jamais negocié le passage d’un front en mer auront-ils vraiment tant appris de l’esprit marin et de coureur ?

 

Ces comportements correspondent davantage à l’esprit d’un rallye comme l’Arc, que d’une course au large !

 

Je pensais sincèrement qu’il y aurait 20 ou 30 marins jouant le classement qui partaient pour connaitre ce que chaque coureur se doit de vivre en mer. Ne sommes-nous pas en train d’infantiliser ces skippers, ne sont-ils pas en train de prêcher l’excès de sécurité.

 

Il faut regarder la position de Melwin Finck, qui seul au monde tente sa chance. En restant en mer, il peut faire le Hold-up sur la première étape ! Il va affronter son front cette nuit, comme des centaines de ministes l’ont déjà fait depuis plus de 40 ans !

 

Il n’y a aucune raison à dire que son choix envers et contre tous ne soit pas le bon.

 

Ne pas se méprendre dans mon propos, je ne suis pas pour décrier le choix de mon neveu qui, à 19 ans, a fait un début de course extraordinaire en étant aux avants postes. J’ai vraiment hâte d’avoir sa version des faits pour mieux comprendre le choix commun à toute la tête de flotte, sans exception.

 

Et à regarder l’arrêt du coureur autrichien Christian Kargl dans un port plus au sud, je constate que ceux arrêtés à Baiona avaient largement le temps de rejoindre des abris plus tard en gagnant de précieux milles vers l’arrivée. J’espère sincèrement que l’âme de cette belle course ne sera pas entamé par cet événement et que les organisateurs tireront des enseignements de ce couac pour les prochaines éditions.

 

En outre dans cette classe, on prêche depuis des dizaines d’années « la bite et le couteau » pour y aller et voir lors de cette escale forcée sur leurs réseaux des gars à l’hôtel, au restaurant, au bar, en discussions avec leurs routeurs météo à terre.... est ce vraiment cela l’esprit mini ?

 

Certes les skippers sont pénalisés de 12h minimum en cas d’arrêt mais tout de même, on se perd un peu dans les valeurs véhiculées...

 

Depuis quelques années, toutes classes confondues, on a accepté de décaler les départs de course pour éviter la 1ère tempête. Récemment, on a changé les dates pour partir avant les tempêtes d’automne et maintenant il faudrait se mettre à l’abri à chaque coup de vent... sincèrement, ce sont des coureurs entrainés, ils en ont les capacités !"- 


 Yvan Bourgnon octobre 2021

 

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