lundi 29 juin 2015

Chroniques du RORC Morgan Cup – 19-20 Juin 2015



 Hasard du calendrier, ou usure de l’équipage, c’est à quatre que nous abordons cette Morgan Cup qui nous mène de Cowes à St Peter via les Casquets et la côte Ouest de Guernesey Nous accueillons pour l’occasion Daniel, marin Granvillais, navigateur émérite, régatier aux mains propres...

                                                                                        Sébastien Delasnerie






















Le Dr. Feelgood (A 35) profite de l’occasion pour une cure d’amaigrissement drastique: quatre assiettes, quatre verres, cinq gilets, suffisamment de vivres pour arriver affamés, aucun élément de confort. Ainsi allégés nous nous arrachons une victoire aussi inhabituelle qu'inespérée à la régate locale du jeudi, avant une confortable traversée au travers sous un ciel de feu. 

Gros niveau en Classe 3 pour notre départ à l’Anglaise vers l’Est du Solent: en plus des énervés habituels, les califes du Fastnet viennent y faire leur qualifs: Night & Day, vainqueur 2013 toutes classes et Voador, vainqueur 2007 en double.




Vingt noeuds d’Ouest nous propulsent en short et sous spi sur la ligne du R.Y.S. à 19:00. Collés à Raging Bee coté Nord, nous ne pouvons que remarquer, dépités, que nos camarades s’envolent sur le bord opposé dans un vent plus soutenu. Nous sommes en queue de peloton, mais Daniel nous guide au plus court et au plus fort du courant en multipliant les empannages pour finalement recoller la troupe à No Man’s Land, avant de descendre plein Sud vers Bembridge.





Sous spi en mode allégé, nous rattrapons les premiers, puis affalons en dernier à bouée, profitant de ce dernier souffle pour voler trois longueurs à la meute compacte, qui bientôt s’écharpe au passage de West Princess A. Il est 21:00.






Une fois n’est pas coutume, c’est bien nous qui nous échappons dans le soleil couchant, exhibant notre tableau arrière aux cadors de la série qui n’en croient pas leurs yeux… 

Comme d’habitude, l’euphorie est de courte durée, le doute lui succédant à l’heure de traverser la Manche face au courant. Les J 109 et les grandes classes abattent déjà sous spi vers le Sud alors qu’un petit groupe mené par le JPK 10.80 Night & Day, les J 109 Voador et Diablo-J s’échine à faire de l’Ouest en direction de Ste Catherine. 

On demande un avis à notre iPad qui nous donne une route différente plus au sud par requête de routage. 







Notre navigateur à l’ancienne fait une moue dubitative, le match homme / machine ne fait que commencer… 

Daniel pense surtout aux Casquets et à l’heure de la renverse, il écarte la cuillère par le Sud et nous convainc de faire de l’Ouest sans nous précipiter comme des décérébrés à la poursuite d’écervelés… Ne voulant paraître ni l’un ni l’autre, nous continuons vers le soleil longtemps après qu’il ait disparu.


Petit à petit tout le monde abat et nous restons seuls avec Night& Day, Voador et Diablo-J au Nord d’une flotte qui file maintenant sous spi vers le Sud. Pouvons-nous avoir raison envers et contre tous? Dany s’en fout de la loi du nombre: c’est à l’Ouest que ça se joue, maintenant…

Seulement après avoir croisé Night & Day sous spi à 1:00, consent-il à admettre qu’on est un peu seuls dans notre option, même si c’est clairement la bonne. Profitant de ce rare instant de faiblesse inhabituel, on abat pour envoyer l’A5, Banzaï !  Ca file dans les 10 noeuds consentis par Eole et le courant qui nous dépale maintenant vers l’Ouest, on recolle la flotte peu à peu, même si on manque un peu de poids au rappel.



 Vers 4:30, il est évident que ça ne passe plus sous spi si on veut faire les Casquets. Damned, on aurait dû faire plus d’Ouest… Nous faisons un meilleur cap et plus de vitesse sous génois et n’avons qu’une vague idée de notre position sous cette petite lune, avant de retrouver nos Sirènes favorites sur leur Reflex 38 dans la rougeoyante lumière de l’aube.


Photo


Un petit contre-bord nous permet de passer les Casquets en compagnie de Diablo, Daniel place un waypoint au beau milieu de cailloux qu’on s’évertue à éviter depuis toujours à l’Ouest de Guernesey, puis va faire un somme histoire d’être alerte au milieu du champ de mine… 

En silence nous contemplons devant nous le groupe de tête qui disparaît dans la caillasse, et derrière nous les Casquets, où la renverse emporte avec elle nos poursuivants encalminés.

Photo


Nous renvoyons le spi aux Hanois en jouant des coudes avec Diablo. Sur la côte Sud de l’île nous rattrapons quelques bateaux au vent arrière, empannant au gré des têtes de roches dans un vent forcissant jusqu’à 20 noeuds. Un X-55, un Arcona 430 sont avalés avant le dernier virage, Diablo et Jelenko sous asymétrique sont distancés, et nous affalons devant Castle Cornet, les J sur les talons, juste avant le coup de trompe libérateur.


EPILOGUE: 

A couple de la flotte présente à St Peter, on prend conscience d’avoir un gros train de retard; mais à mesure qu’accostent les nouveaux arrivants, on mesure l’ampleur des dégâts dans les grandes classes encalminées à l’Est des Casquets.
Daniel avait donc raison, c’est bien à l’Ouest que ça se jouait, dix-huit heures avant l’arrivée ! Le Normand a finalement vaincu la machine, et se paye d’une bière fraîche retrouvée dans les fonds.

le JPK 10.80 Night & Day nous met un wagon, terminant 6° au général. Nous battons le J 109 Diablo sur l’eau mais pas au compensé, et finissons dans la même seconde que le J 109 Voador: 12° en Classe 3, et 38° sur 104 au général.


 Un peu rassurés, nous repartons vers Cherbourg pour une revue générale de la garde-robe et du fond de la glacière, pour arriver finalement à bout de ce presque jour le plus long en vue de notre rade, salués par les feux d’artifices.

Sébastien Delasnerie



Maintenant, je suis sidéré de voir comme l'électronique est peu étalonnée et donc ultra fantaisiste chez la plupart des plaisanciers et régatiers moyens, des polaires irréalistes, des vitesses optimistes, qui ne permettent pas d'utiliser le matos. 

C'est un peu comme les mecs qui débarquent avec un jeu de voile carbone en foirant la moitié des empannages et tactiquant à l'envers, qui se font déposer par des papis en trapanelle qui se glissent dans des cailloux a priori impossibles en passant des manoeuvres impeccables. 


Morgan Cup for our English friends (Yes, we have some, really)
It may be the summer calendar or because the crew is having enough offshore racing, but we’re only four at the start of this Morgan Cup, 125 nautical miles from Cowes to St Peter via the Casquets rocks, and the rockier coast west of Guernsey.
Our skimpy crew was re-inforced on this occasion by Daniel, a Granville sailor known for his rock addiction and old school navigation tricks. Dr. Feelgood was throughly emptied, leaving only four plates, four glasses, five life jackets, just enough food to starve in St Peter and none of the usual comfort treats.
It wasn’t in vain this time: our lighter mode helped scoring first place at the local Thursday Cherbourg Championship, which celebration further reduces booze weight before the crossing.
As usual, the Class Three is fiercely competitive : the Sunfast are in the Azores, but the usual suspects are complemented by Fastnet rock stars, including 2013 overall winner Night & Day, and 2007 double-handed winner Voador.
At 19.10 BST, twenty knots of westerly breeze push us over the line towards the East Solent. Sticking to Raging Bee on the northerly option, we witness powerless our south side competitors fly away in stronger pressure.
We already are on the back foot in pursuit of our Class, but Daniel keeps us gybing in the stronger tide to finally catch the fleet at No Man’s Land, the roller coaster has begun.
The light boat and crew make us a bit faster and bolder under spinnaker, and a late drop gives us a 3 boat length advantage from the compact group that already fights loudly for room at West Princessa.
For once, we are the lonesome boat escaping in the sunset.
Euphoria is its usual short on board, replaced by doubt as we contemplate crossing the Channel against the tide towards the Casquets rocks. The J/109 and bigger boats are already trucking south under spinnaker while a small group led by Night & Day, Voador and Diablo keep going west towards St Catherine.
We ask our iPad for routing, it’s not really sure. Our navigator looks at the screen with contempt : the game is clearly on between the man and the machine.
Daniel thinks about the foul tide we’ll get at the Casquets in the weak morning breeze, and convinces us to go west as much as we can while we have wind, and forget chasing the brainless fleet of J’s .
No-one wants to be brainless, and we keep chasing the sun, long after it disappears in the horizon, while one by one our competitors bear away, to the notable exception of Diablo, Voador and Nigh & Day.
Can we be right against everyone? Do those guys really know anything at all? Dan cares little about the majority’s choice: numbers don’t lie, and we need to keep going further west…
Only after crossing Night & Day under Code Zero at 1:00 am does he concede that we’re possibly a bit lonely in our option. Taking advantage of this unusual weakness, we hoist the A5 and bear-away in hot pursuit of the fleet and send him to bed.
Our crew of four is too light for power reaching, but the ten knots of wind and some favourable tide somehow bring us back to the fleet. At 4:30, we change the A5 for the Genoa in order to make the Casquets… Damned, not enough west? Really?
We are higher and faster now, with little idea of the opponents around us in a pitch black night and a faulty AIS. Finally at dawn, we discover our elusive and beloved Syrens close by, and decide to chase them once again.
A short tack to clear the Casquets places us between Diablo and the Syrens. All is well in the world when Daniel puts a waypoint right in the middle of the Guernsey rocks we’ve been carefully avoiding for the past 10 years, invoking some vague counter-current to loose our companions…
In silence, we bear away from them looking at the leaders who are now disappearing in the rocks ahead, while behind us the fleet is washed away behind Casquets by the mercyless tide and a windless patch.
Our navigator guides us into the mine field with a metronomous timing and precision: “0.6 miles on 240°”, “Concentrate on the helm!”, “Tacking in 5, 4, 3, 2 1, now…”
It’s exciting and a bit unsettling at the same time, like chatting a slightly psychotic girl home in the middle of the night. The game lasts a good hour before we exit the rocky labyrinth. Alas, the Syrens have escaped us again, leaving Diablo in their wake for us to play with. Thanks girls…
We fight neck to neck all the way to Hanois, where our spinnakers come up simultaneously. The westerly breeze picks up to 20 knots and we gybe through the South rocky patches catching-up more boats on the way including Lutine, the X-55, Arcona 430, and the J-Boats under asymetrical.
Dr. Feelgood keeps close to the shore, flying the Mighty Rastafari all the way up to Castle Cornet, dropping only a few boat length from the line and its liberating horn, after 20 hours 24 minutes of racing.
Epilogue.
Rafting up to the other boats in St Peter, we realise just how bad we’re doing in our class: we’ll be lucky if we make the first half in corrected time. But as boats keep coming in, we realise the damage is even bigger in the Class 1 and 2 that got stuck in foul tide at the Casquets.
West was best indeed, although our group of early adopters had mixed results : Night & Day scores an impressive 6th overall, we beat Diablo on the water but not on corrected, and finish in the same second than Voador (who clearly had a bad day): 12th in Class over 27, and 38th overall with 105 starters.


We are still making the first third of the fleet overall. Slightly re-assured with our result, we decide to skip dinner at Le petit Bistro and sail back to Cherbourg, while going thoroughly and simultaneously through the beer locker and the entire spinnaker wardrobe.













samedi 13 juin 2015

Le Bol d'Or


500 bateaux qui s’élancent sur une même ligne de départ sur un lac, c’est toujours impressionnant.  Il était 10 h lorsque le coup de canon a libéré la flotte, dans un vent très faible et sous le soleil. Dans la grande classe des M1, le GC32 Groupe Edmond de Rothschild prenait un très bon départ. Suivi par Okalys, qui compte dans son équipage François Gabart, et le D35 Ladycat power by Spindrift Racing le tenant du titre.



Très rapidement les D35, et quelques luges du lac prenaient la tête de la flotte. Ladycat s’échappait côté Suisse et passait en tête à Versoix. Après 45 min de course Dona Bertarelli et son équipage avait creusé un trou significatif sur ses poursuivants de la classe M1. Les deux GC32 étaient pénalisés par le manque de vent.


Lacy Cat Power by Spindrift Racing restait du côté Suisse du Lac en tirant des bords, alors que son adversaire direct, la luge Patootie tirait tout droit au milieu du Léman. Parcours imposé aux multicoques avec cette bouée à virer. Et c’est à cet endroit que l’équipage de Dona Bertarelli, va de nouveau creuser l’écart encore plus significatif, en traversant tout le lac pour revenir du côté Français et rentrer dans le lac haut. Un passage à niveau c’est alors opéré piègent tous les autres concurrents pour plusieurs longues minutes. Avant que le vent ne rentre de nouveau.


C’est le long des côtes Françaises que la course c’est poursuivie, en tirant des bords le long d’Evian soit le chemin le plus court.



Pour visionner seulement les photos, 

double cliquez sur la première photo.











































 A l’approche du Bouveret et la marque de mi-parcours, le vent est rentré par l’arrière. Permettant aux poursuivants de Ladycat de revenir à moins 1.5 Km.  Puis de rejoindre l’équipage Franco/Suisse et de le passer juste avant le contournement de la marque de mi parcours. François Gabart sur Okalys passe en 6ème position. Il aura fallu 7 h 15 pour attendre le fond du lac. Alors que Ladycat avait mis 5 h 38 l’an passé pour remporter l’épreuve !

Sur le retour, les 6 premiers de la classe M1 vont alors naviguer à vu sans vent, jusqu’à ce que l’orage lève un peu l’eau et que le vent forcisse. C’est une énorme course entre 28 et 30 nœuds qui va alors débuter sur toute la traversée du Golf de Coudrée. Avec à la tête de la flotte Okalys suivi par Alinghi et Ladycat.

Très en retard au niveau d’Evian, Sébstien Josse et le Gitana Team qui n’allaient pas tarder à enfin voler, démâte sous un grain. L’équipage est en sécurité et le bateau pris en remorque.

Après 11 h 15 de course, Team Tilt est le premier a rentrer dans le petit lac, suivi de très près par VeltiGroupe et Ladycat power by Spindrift Racing. Alors qu’Okalys et Alinghi tire un bord vers le côté Suisse. Bord payant pour Alinghi qui reprend la 2ème place, 3ème Okalys, plus au sud, Ladycat résiste, à VeltiGroupe, pour conserver la 4ème place, alors que Team Tilt au centre creuse l’écart à 24 nœuds.

Toujours à fond Team Tilt, avec au contact Okalys 2ème creusent petit à petit l’écart sur VeltiGroupe 3ème suivi par Ladycat et Alinghi toujours à haute vitesse.

A la limite du canton de Vaud et de Genève, le vent tombait de nouveau obligeant les équipages à renvoyer de la toile. 1er Team Tilt, devant Okalys, puis VeltiGroupe et Alinghi au coude à coude, 5ème Ladycat.

A la marque du Versoix, après 11 h 44 de course : 1 Team Tilt, 2 Okalys, 3 Alinghi, 4 VeltiGroupe, 5 Ladycat.

A 1 km de l’arrivée Team Tilt était toujours devant, mais sous la menace d’Alinghi qui revenait avec plus de vent par l’arrière, tout comme Ladycat. Grosse série d’empannage jusqu’à la ligne d’arrivée.

Victoire en 12 h 05 de Team Tilt de quelques secondes devant Alinghi. Belle course de Ladycat power by Spindrift Racing qui a mené tout l’aller et se classe 3ème